Israël poursuit sa mission d'éclaireur. Après sa campagne vaccinale citée en exemple et toujours référence mondiale, c'est maintenant le retour à la normale qui va être observé au microscope par tous les pays engagés dans la lutte contre le Covid. Un peu plus de deux mois après le début de la vaccination, un tiers des Israéliens de plus de 16 ans sont déjà totalement vaccinés et un peu moins de la moitié ont reçu la 1ère injection. Il faut rappeler que jusqu'à présent, Israël vaccine uniquement avec le vaccin Pfizer, délivré en deux injections à trois semaines d'intervalle.
D'ores et déjà, on a pu constater une baisse spectaculaire de la mortalité : moins 63% depuis la mi-janvier. On enregistre pour la même période un recul de 56% de nouveaux cas et une baisse de 46% de cas graves. C'est clairement l'effet de la vaccination, puisque parallèlement, le taux de reproduction du virus remonte et est même repassé au-dessus de 1. Et c'est là que la réalité que l'on connaissait depuis un an, est en train de changer. Avec un taux de reproduction du virus supérieur à 1, les hôpitaux devraient être à nouveau saturés et le gouvernement devrait ordonner de nouvelles limitations de circulation.
Or, c'est le contraire qui se produit, puisqu'Israël a entamé comme prévu dimanche la troisième phase de son déconfinement. C'est-à-dire qu'il tente le pari d'une nouvelle normalité sans attendre la disparition du Covid. Et c'est toute la conception épidémiologique qui est en train de changer. Ainsi, on voit aujourd'hui que 70% des cas d'hospitalisation concerne des malades de moins de 60 ans, l'image inversée de la situation qui prévalait avant le début de la campagne vaccinale.
Si le vaccin donne effectivement une marge de manœuvre qui n'existait pas jusque-là, on ne peut pas encore en mesurer tout l'impact. Par exemple, on ne sait pas encore quelle est l'efficacité du vaccin sur la transmission du virus. La raison est simple : il n'y a aucune donnée de référence à grande échelle. Autrement dit, c'est Israël qui essuie les plâtres pour le reste du monde. Toutes les mesures qui sont effectuées en temps réel Israël serviront de repère aux autres pays pour programmer leur propre retour à la normale.
S'il faut donc considérer différemment les paramètres dont on disposait jusqu'ici, il va aussi falloir prendre en compte les modifications de comportement social au fur et à mesure que la proportion de personnes vaccinées augmentera. Pour l'instant, à la barrière biologique donnée par le vaccin, s'ajoute la barrière sociale du port du masque et de la distanciation. Avec la reprise de l'activité économique et notamment la réouverture des cafés, des restaurants, des salles de spectacle et de réception et de l'ensemble des commerces, le respect des consignes sanitaires restera crucial, entre les accès réservés aux personnes vaccinées et l'application des protocoles sanitaires dans les lieux d'accueil.
Personne ne sait encore comment va évoluer la situation sanitaire, alors que l'efficacité du vaccin sur l'ensemble des variants est en cours d'évaluation et qu'Israël rouvre prudemment ses frontières. On y verra plus clair d'ici la fin du mois, quand la moitié de la population aura été totalement vaccinée. Mais pour la première fois, le confinement n'est plus la seule défense contre le Covid.
Pascale Zonszain
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