La campagne législative israélienne entre dans la dernière ligne droite. Mais pour les électeurs, la seule question qui domine est de savoir si ce 4e scrutin sera enfin le bon.
Comment sortir de ces crises parlementaires à répétition ? Les Israéliens ont beau retourner le problème dans tous les sens, ils ne voient pas vraiment de solution. La seule option qui règlerait la question serait une réforme du mode de scrutin, mais cette fois il est évidemment trop tard pour l'envisager. Il y a une trentaine d'années, il y a avait pourtant eu une tentative de sortir du blocage, en instaurant deux élections directes : celle du parlement et celle du Premier ministre. C'est ainsi que trois chefs de gouvernement avaient été élus au suffrage direct : Benyamin Netanyahou en 1996, Ehud Barak en 1999, et Ariel Sharon en 2001. C'est d'ailleurs la seule fois que les Israéliens se sont rendus aux urnes pour élire seulement leur Premier ministre, alors que le parlement restait en place. Mais c'est aussi la dernière fois qu'ils ont voté directement pour élire le chef du gouvernement, puisque c'est sur l'impulsion d'Ariel Sharon, que la Knesset a voté l'annulation de la réforme.
Une des raisons qui avaient poussé à l'abandon de l'élection directe du Premier ministre, c'est qu'en parallèle, cela avait incité les électeurs à voter pour des partis sectoriels. Puisqu'ils devaient mettre deux bulletins dans l'urne, ils préféraient souvent choisir pour les représenter à la Knesset, un parti différent de celui du Premier ministre. Ce qui a conduit à rebloquer la machine politique, mais différemment.
Mais le retour à l'ancienne formule, on le constate, ne résout toujours pas le problème de l'instabilité chronique du système israélien. Le scrutin de liste à la proportionnelle intégrale n'est tempéré que par le seuil de représentativité, qui ne fait entrer à la Knesset que les partis ayant obtenu au moins quatre mandats. Mais pour le reste, les difficultés restent les mêmes. Parce qu'il n'y a pas de circonscriptions, les députés ne sont pas en contact direct avec leurs électeurs. Ils ne sont pas élus au niveau local, mais national. Ce qui là encore, favorise la multiplication de partis qui représentent un segment donné de la population, qu'il s'agisse des olim de Russie, comme pour le parti Israel Beitenou d'Avigdor Liberman, ou des partis orthodoxes ashkénaze et séfarade, ou encore des partis arabes.
Ce système a aussi progressivement affaibli les grands partis et brouillé les frontières politiques. L'électorat de droite s'est fragmenté autour d'un parti principal, le Likoud, qui s'il reste le premier en termes de sièges, ne parvient plus à dominer suffisamment son camp pour ne pas dépendre des autres membres de sa coalition, parfois d'idéologies différentes. Jusque-là, il s'agissait de partager l'électorat de droite avec des partis représentant des segments différents de la population, religieux orthodoxes ou religieux sionistes. Cette fois, ce sont donc trois partis qui vont se disputer peu ou prou le même électorat.
Au centre-gauche, c'est la même situation. Aucun parti n'est en mesure de réunir autour de lui l'ensemble de son créneau électoral, qui se fragmente sur trois ou quatre partis différents. On a vu que les sondages ne parviennent pas à départager les deux blocs, ce qui veut dire que le risque persiste de voir le scrutin du 23 mars produire un résultat trop serré pour dégager une majorité claire. Il faudra donc trouver le moyen de sortir de cette spirale. Mais ce ne sera possible que quand un parti, à droite ou à gauche, aura suffisamment de sièges pour imposer une réforme.
Pascale Zonszain
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