Cette journée électorale en Israël va être longue pour les candidats. Car ce scrutin n'a jamais compté autant d'électeurs indécis.
Il y a deux types d'électeurs qui préoccupent les partis : ceux qui n'ont toujours pas arrêté leur choix et ceux qui pensent que les jeux sont faits. Pour ces derniers, le problème est qu'ils risquent de ne pas aller voter, pensant que leur bulletin ne fera pas de différence. Ces électeurs sont soit démotivés, soit trop confiants. Mais dans un cas comme dans l'autre, leurs suffrages risquent de manquer cruellement aux petits partis qui frôlent le seuil de représentativité des 4 sièges, tout comme aux plus grands, car cela peut leur coûter la victoire, ou en tout cas la mission de former le prochain gouvernement.
Et il reste donc le problème encore plus délicat des indécis. Premier constat : ils sont nettement plus nombreux que l'année dernière. Selon l'enquête réalisée par l'Institut pour la Démocratie en Israël, les électeurs de droite qui n'ont pas encore arrêté leur choix sont 14%, alors qu'ils n'étaient que 8% en 2020. Au centre, les indécis représentent 34%, contre seulement 8% l'an dernier. Et à gauche, ils sont encore 19%, alors qu'ils étaient 9% avant le scrutin de mars dernier.
Et parmi ces électeurs hésitants, tous n'ont pas les mêmes doutes. A droite, ils balancent plutôt entre plusieurs partis du même bloc idéologique. Cette fois, trois partis se disputent le même électorat : le Likoud et ses deux rivaux, Yamina de Naftali Bennett et Nouvel Espoir de Gideon Saar. Mais étant donné que Saar et Bennett ont passé toute la campagne à se positionner contre Netanyahou, certains électeurs de droite ont peur que leur vote ne renforce le bloc opposé au Premier ministre sortant, s'ils ne votent pas pour le Likoud. Même les partis orthodoxes et en particulier le parti ashkénaze Yaadout HaTorah pourrait perdre un ou deux mandats au profit du parti Sionisme Religieux de Betsalel Smutrich, qui pourrait attirer à lui l'électorat orthodoxe sioniste.
Au centre, l'hésitation s'explique plus facilement. C'est la dégringolade de Bleu Blanc, qui avait remporté 33 sièges en mars dernier et qui n'est même pas certain d'atteindre les 4 nécessaires pour entrer à la Knesset. Pour les 34% d'hésitants, le choix est problématique. Le parti laïc Yesh Atid n'a jamais été crédité de plus de 22 mandats, dans ses meilleures performances de campagne. Quant à l'alternative d'un bulletin pour un parti de droite, comme celui de Saar ou de Bennett, elle reste une ligne rouge que certains électeurs centristes ne sont pas surs de vouloir franchir.
Enfin à gauche, le dilemme est de rester fidèle à l'idéologie ou de voter utile. Autrement dit de voter pour le parti Travailliste ou Meretz ou de choisir Yesh Atid. Et avec le risque d'affaiblir encore la représentation des deux partis de gauche, voire d'en faire totalement disparaitre un des deux, alors qu'ils visent le même électorat. Voilà pourquoi il faudra probablement s'armer de patience, car les résultats du scrutin pourraient se révéler assez différents des sondages de campagne.
Christophe Dard
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