La droite sioniste religieuse fait partie intégrante du paysage politique depuis la création d'Israël. Mais cela fait plusieurs années qu'elle est de moins en moins en phase avec son public. Le psychodrame qui s'est joué cette semaine entre les partis de droite en est un nouveau symptôme. Trois partis ont finalement conclu à l'arraché une alliance électorale, en laissant à l'extérieur le parti le plus à droite des quatre.
Ces divisions sont l'expression d'une société qui évolue, mais dont la représentation politique a du mal à se renouveler. La société religieuse sioniste israélienne s'est diversifiée, embourgeoisée. Elle est de plus en plus présente dans tous les domaines. Dans l'armée, elle fournit de plus en plus d'officiers et de soldats d'unités d'élite. Les juges et les magistrats religieux sont de plus en plus nombreux. On retrouve aussi de plus en plus de sionistes religieux dans les universités, ou à la tête des entreprises. Pourtant, ils sont peu nombreux à être tentés par l'engagement politique. Un profil comme celui de Naftali Bennett, qui a fait fortune dans le high-tech avant de se lancer en politique, reste assez exceptionnel.
Un certain nombre de facteurs peuvent expliquer ce décalage. Un des plus visibles est probablement le traumatisme consécutif au retrait d'Israël de la Bande de Gaza en 2005. L'événement a provoqué une crise de confiance du public religieux envers sa direction politique et religieuse, à laquelle il a reproché de ne pas avoir été à la hauteur.
Aujourd'hui, les courants représentés par les partis religieux sionistes traduisent en partie cette confusion. Là où les partis orthodoxes, tels que le Shas pour les séfarades et le Deguel HaTorah ou Agoudat Israël pour les ashkénazes, prennent exclusivement leurs ordres auprès des rabbins qui dirigent leur communauté et dont les membres ont une véritable discipline de vote, les partis religieux sionistes fonctionnent sur un système hybride.
Il n'y a pas non plus une conception idéologique homogène, mais plutôt des courants qui vont de la droite libérale, assez proche du Likoud, à la droite ultranationaliste qui prône notamment un régime où la loi religieuse remplacerait la loi civile. Même si les courants extrémistes sont minoritaires, ils représentent pourtant des dizaines de milliers de voix. C'est pour cette raison que le Foyer Juif, le courant central du sionisme religieux avait passé alliance avec le parti Otsma Yehudit de l'avocat Itamar Ben Gvir, contre l'avis de nombreux militants qui jugeaient cette union contre nature. C'est en rompant à la dernière minute son alliance avec le parti de Ben Gvir, que le leader du Foyer Juif, le rav Rafi Peretz a pu se rapprocher du parti de la Nouvelle Droite de Naftali Bennett, avec qui il fera course commune pour le scrutin du 2 mars.
Mais c'est aussi parce que ces petits partis n'arrivent toujours pas à trouver un dénominateur commun, qu'ils ne rallient pas les forces électorales nécessaires qui consolideraient un bloc de droite majoritaire à la Knesset. Avec le risque pour l'électorat israélien, de se retrouver face à un quatrième tour.
Pascale Zonszain
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