Israël, les Etats-Unis et le front iranien

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Israël, les Etats-Unis et le front iranien
(Crédit: Planet Labs Inc)

Est-on en train d'assister à une escalade entre Israël et l'Iran ? Ou bien s'agit-il seulement pour Israël de fixer la donne avant que les Etats-Unis n'entrent dans le vif des négociations avec l'Iran sur la reprise de l'accord nucléaire ? Dans les deux cas, on ne peut pas faire abstraction du timing des fuites qui parviennent aux médias sur de supposées opérations israéliennes. Dimanche, c'est au moment de la visite à Jérusalem du Secrétaire américain à la Défense, que l'on apprenait qu'une "panne électrique" venait de toucher l'installation nucléaire iranienne d'enrichissement d'uranium de Natanz, qui venait d'inaugurer la veille ses nouvelles centrifugeuses, en violation de l'accord international de 2015. Quelques heures plus tard, une source israélienne confirmait qu'il s'agissait bien d'une cyberattaque israélienne à porter au compte du Mossad. Or, l'événement survient quelques jours à peine après l'annonce d'une attaque en mer Rouge contre un navire iranien appartenant aux Gardiens de la Révolution, qui a été endommagé par l'explosion d'une mine sous-marine placée sur sa coque. Et selon le New York Times, l'attaque, la suite d'une longue série, aurait été effectuée par un commando de la marine israélienne. Le journal précise même que Jérusalem en aurait informé Washington. A quoi il faut encore ajouter le raid aérien de jeudi contre un dépôt d'armes destinées au Hezbollah près de Damas.

Dimanche matin, le chef d'état-major israélien avait indiqué que "les actions de Tsahal dans la région n'étaient pas cachées aux ennemis, qui voient ce dont nous sommes capables et qui pèsent très prudemment la suite de leurs actes" a affirmé le général Kochavi, dans un "à bon entendeur" qui n'avait pas besoin de préciser à quelles actions il faisait référence. De son côté, le ministre israélien de la Défense qui recevait son homologue américain a réaffirmé l'importance et la force de leur partenariat stratégique : "nous allons travailler aux côtés de nos alliés américains pour veiller à ce que tout nouvel accord avec l'Iran garantisse les intérêts vitaux du monde et des Etats-Unis, prévienne une dangereuse course aux armes régionale et protège l'Etat d'Israël" a déclaré Benny Gantz à l'issue de son entretien. Le Secrétaire américain à la Défense qui participait au point de presse, s'est contenté quant à lui, de formules générales, sans faire la moindre allusion au dossier iranien.  

Difficile de croire que l'opération de Natanz a été réalisée sans qu'Israël en ait averti au préalable son allié américain. Il y a une dizaine d'années, l'attaque Stuxnet avait été une opération conjointe israélo-américaine, même si Israël a prouvé par la suite qu'il était en mesure de conduire seul des attaques cybernétiques ou conventionnelles contre des objectifs iraniens. Mais l'essentiel est ailleurs. Au-delà des opérations tactiques contre l'Iran, Israël doit aussi conserver une vision stratégique à long terme, où ses intérêts doivent aussi coïncider avec ceux des Etats-Unis. Dans ce contexte, la visite du Secrétaire américain à la Défense, premier responsable de l'administration Biden à se rendre en Israël depuis l'investiture du président démocrate, doit être l'occasion de vérifier que les deux alliés sont bien sur la même longueur d'onde. 

Pascale Zonszain

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