Politologue et professeur de sciences politiques à l’Open Université d’Israël, Denis Charbit était l’invité de Léa Moscona le jeudi 15 avril sur Radio J. Pendant 15 minutes, il est revenu sur les réussites et les échecs de la politique israélienne, sur l’année écoulée.
En état le plus "banal" possible, Denis Charbit s’est exprimé sur la réussite de la "campagne de vaccination" menée en Israël. Bientôt, les Israéliens "se baladeront dans les parcs naturels, feront des excursions", une preuve de la bonne gestion de la crise sanitaire entachée cependant par cette succession de tours d’élections qui n’aboutissent finalement à rien. Face à cela, Denis Charbit a confié à Radio J que "le grand raté, c’est le gouvernement du non-national". Le politologue affirme avec certitude que les Israéliens avaient "besoin de ne pas se sentir menacé, humilié ou agressé parce qu’ils sont de gauche ou de droite".
Dans la politique du pays également, un des ratés reste les écarts socio-économiques au sein du pays. "Incontestablement, la cause sociale n’a jamais eu l’impact nécessaire qu’elle mérite". Malgré les aides donnés aux petits commerces, la crise épidémique a fait des dégâts. Le coronavirus coûte cher et les plus touchés "ce ne sont pas les salariés de la haute fonction publique mais les petits artisans, commerçants". Une réalité qui fait partie d’un des ratés d’Israël. Pour l’instant, les plans économiques ne sont pas pris en compte par Benyamin Netanyahou, "tout simplement parce que les réformes structurelles économiques, impliqueraient de prendre trop de risques pour les hommes politiques". Le problème c’est que les élections à répétition empêchent d’avoir une vision à long terme. À l’heure actuelle "ce n’est pas un gouvernement en mesure de prendre des décisions nécessaires parce qu’il faut des leaders et malheureusement la classe politique se révèle assez médiocre".
Malgré les quelques notes négatives, Denis Charbit a insisté, au micro de Léa Moscona, sur "l’avenir qui sourit aux israéliens" dans cette période "des trente glorieuses". Il faut, selon lui, en profiter pour "faire la paix maintenant". Si les accords d’Abraham rendent plus fort l’État d’Israël, ils posent tout de même la question de la normalisation des rapports avec les pays voisins. Avec de nombreux sondages réalisés dans les pays arabes, "une majorité pense qu’il est temps de normaliser les relations avec Israël". Pour la question Palestinienne, le politologue pense que c’est "seulement dans un contexte de normalisation des rapports que le problème pourra se résoudre d’un point de vue moral et démocratique". Les accords d’Abraham ont changé les mentalités des Israéliens, d’ailleurs, "dans la politique, il n’y a pas d’opposition majeure à ce qu’un parti arabe rejoigne la coalition".
Avant ces accords, "le vrai changement connu par Israël, c’est la visibilité de la minorité arabe dans le pays". Souvent artisan dans le bâtiment ou femme de ménage, les arabes israéliens sont aujourd’hui avocat, pharmacien, architecte … "Même si idéologiquement il reste des écarts, on voit que la vie quotidienne l’emporte". Ce qu’il faut constater, c’est que les choses changent au niveau social, au niveau régional et au niveau politique. L’exemple que cite Denis Charbit à Léa Moscona parle de lui-même, "les trois chaines d’informations principales d’Israël, arrêtent leur programmation pour écouter les discours des chefs de parti arabe. Ce n’était jamais arrivé avant". Un évènement médiatique symbolique, le pays écoute et retient son souffle lorsqu’un leader arabe s’exprime. Les choses ont changé, le politologue Denis Charbit a foi en l’avenir "surtout le jour du Yom Haatsmaout".
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.