Pour Betzalel Smutrich, pas question de transiger : le leader de la liste Sionisme Religieux préfère encore un gouvernement sans lui et sans Netanyahou à une coalition de droite qui serait soutenue par un parti islamiste. Il faut reconnaitre que depuis les élections du 23 mars, Smutrich est resté intraitable et n'a pas bougé d'un millimètre de sa position idéologique. Pour lui, toute alliance qui ne pourrait fonctionner qu'avec les voix du parti de Mansour Abbas, est une option inenvisageable, même si le prix à payer devait être un cinquième tour de législatives. Ou le passage de relais à Yaïr Lapid. Le patron de Sionisme Religieux estime en effet que la droite se discréditerait définitivement en acceptant de se mettre entre les mains d'un parti antisioniste comme le Ra'am. Et il préfère encore que ce soit une autre coalition qui en prenne la responsabilité.
Il semble donc difficile à ce stade de voir comment Benyamin Netanyahou sera en mesure d'aplanir cet obstacle, ou au moins de le contourner dans le temps qui lui reste pour remplir la mission que lui a confiée le président Rivlin. Le Premier ministre Likoud peut encore tenter de passer des accords séparés avec les autres partenaires qu'il envisage pour son gouvernement : le parti Yamina de Naftali Bennett et les partis orthodoxes du Shas et de Yaadut HaTorah. Il pourrait alors tenter d'aller voir le chef de l'Etat pour lui demander la rallonge de 14 jours qu'il peut lui accorder, pour convaincre Smutrich de le rejoindre quand même. Mais cette option parait donc de moins en moins réaliste.
D'ailleurs, Benyamin Netanyahou essaie aussi de trouver une solution de rechange. Il y a quelques jours, il a même lancé un nouvel appel à son rival Gideon Saar à "rentrer à la maison", autrement dit à reprendre sa place au sein du Likoud avec ses députés qui l'ont suivi à son départ du parti conservateur. Et cette fois-ci, Gideon Saar n'a pas réagi, ce qui pourrait indiquer que le leader du parti Nouvel Espoir attend de voir ce que le chef du Likoud est prêt à lui offrir, avant de refuser sa proposition.
En dernière extrémité, Benyamin Netanyahou, s'il réussit à signer avec Naftali Bennett, pourrait encore essayer de présenter un gouvernement minoritaire à l'approbation du parlement et mettre ses autres partenaires potentiels au pied du mur : à savoir le parti islamiste et le parti sioniste religieux, pour les obliger à lui voter la confiance ou à prendre la responsabilité de nouvelles élections.
Et si Benyamin Netanyahou ne peut rien faire sans Naftali Bennett, c'est aussi le cas pour Yaïr Lapid. Le chef du parti centriste Yesh Atid peut encore espérer que le président israélien lui confiera le mandat de former le gouvernement en cas d'échec du patron du Likoud. Mais il aura besoin du parti Yamina, et Naftali Bennett placera la barre très haut : rotation à la tête de l'exécutif et voix prépondérante sur les dossiers les plus sensibles, ce que les partis de gauche ont déjà exclu. Mais pour l'instant, Yaïr Lapid doit encore attendre son tour, ce qui ne l'empêche pas de faire monter la pression. Et la bataille politique devrait encore livrer quelques rebondissements dans les deux semaines qui viennent.
Pascale Zonszain
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