Le rédacteur en chef de la Mena: Metula News Agency et analyste stratégique, Stéphane Juffa était l’invité d’Ilana Ferhadian, sur Radio J, lundi 19 avril. Il travaille sur bon nombre de dossiers liés à la situation sécuritaire en Israël et plus particulièrement dans le nord du pays.
La semaine dernière, le Président libanais, Michel Aoun, a demandé à ce que les Israéliens s’abstiennent de toute activité pétrolière et gazière dans la zone précise revendiquée par Beyrouth. Il s’agit clairement d’une mise en garde à l'égard de l’Etat hébreu. A l'heure où les négociations entre le Liban et Israël au sujet de la démarcation de la frontière maritime en Méditerranée sont à l’arrêt, alors qu’elles se poursuivaient depuis octobre, Stéphane Juffa explique que les tensions existent davantage avec le Hezbollah que le gouvernement libanais. En effet, le Hezbollah, parti politique et groupe islamiste chiite basé au Liban, "ne veut surtout pas de discussions avec Israël", ce qui conduit à l’échec des négociations. La région est convoitée pour sa richesse en gaz et en pétrole.
Ce qui importe est d’abord de régler le problème de la frontière maritime, pour ensuite procéder à des négociations de paix entre Israël et le Liban, or le Hezbollah "ne veut pas qu’on commence par résoudre le problème des zones territoriales et qu'après on passe à des négociations de paix. Il se présente comme le mouvement de résistance contre Israël. Il ne veut pas qu’il y ait de normalisation entre le Liban et Israël". Ce qui pose aussi problème est la crainte totale liée à "son rôle d’être l'envoyé de l’Iran. Nous on est effectivement gênés par ce Hezbollah qui pointe toutes ses roquettes dans notre direction", qui en découle.
Toujours au sujet de l’Iran, Stéphane Juffa évoque le cas de Mohammed Hejazi, le numéro deux des Gardiens de la Révolution, responsable de la modification des roquettes du Hezbollah, qui sont des fusées sans système directionnel. "Les Iraniens prétendent qu’il est mort d’une crise cardiaque. On n’est pas du tout persuadés ici que c’est le cas parce que c’est un homme clé : l’élimination de Hejazi modifie quelque chose au niveau stratégique." Le Hezbollah, qui rappelons-le, est opposé à l’ensemble de la population libanaise, or, selon Stéphane Juffa, plus de 70 % est favorable à une paix avec Israël. Le Liban traverse actuellement une grave crise, "le Liban est affamé, la livre a perdu toute sa valeur face au dollar. On a besoin de main d'œuvre libanaise, de Libanais dans nos hôtels, on a besoin nous même d’aller au Liban, pour développer des activités industrielles ". D’un point de vue économique, cette paix envisagée serait bénéfique, selon Stéphane Juffa.
Néanmoins les tensions entre l’Iran et Israël prennent de l’ampleur, au vu des événements récents. Aux mois de février et mars des navires israéliens avaient été pris pour cible dans le golfe d’Oman, en avril, un navire iranien avait été endommagé lors d’une explosion en mer Méditerranée. Pourtant, selon Stéphane Juffa, une escalade n’est pas à craindre. Les iraniens n’ont pas, jusqu’à maintenant démontré la capacité balistique de leurs missiles pour les cibles à longue portée. Ils ont essayé de bombarder des positions en Irak, et à chaque fois ils tombaient à 30 kilomètres de leur objectif. En ce sens, l’Iran n’est pas une menace directe pour Israël, qui serait en capacité de riposter. "Le problème avec les Iraniens c’est qu’ils ont de bons ingénieurs, qui sont obligés de maintenir ce degré de menace contre Israël". Stéphane Juffa pense : "Si l’Iran nous attaque, c’est vraiment une prise de risques énorme mais pour le moment, on n’a pas vu les Iraniens prendre de décisions qui ne soient pas dictées par la rationalité".
Lucie Claudon
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