Jean-Dominique Merchet, journaliste à l’Opinion et spécialiste des questions militaires stratégiques et internationales, était l’invité dans le morning d’Ilana Ferhadian sur Radio J. Il est revenu sur le retrait des troupes étasuniennes d’Afghanistan, ainsi que sur la position américaine face au conflit entre l’Iran et Israël.
Joe Biden en a fait la promesse, toutes les troupes américaines devront quitter l’Afghanistan d’ici le 11 septembre 2021, soit 20 ans après les attentats qui ont entraîné les États-Unis "dans la guerre la plus longue de leur histoire". Depuis dix ans, le sujet faisait parler de lui, mais aucune mesure n’avait été prise, "parce que s’il est si facile de s’engager dans une guerre, il est extrêmement difficile de s’en sortir". Constater "assez rapidement un échec" est fréquent dans la guerre, et en sortir, reste "un coup politique sur le terrain que les responsables ont du mal à assumer".
Au lendemain de l’attentat du Wall Trade Center, les États-Unis interviennent en Afghanistan. Cependant, ils n’interviennent pas contre les Talibans, mais parce que les Talibans hébergent Ben Laden et Al-Quaïda. Une réussite pour la puissance américaine, qui entraînera la mort de Ben Laden. Là où se trouve l’échec des États-Unis, c’est dans leur volonté de démocratiser le pays, de lutter pour le droit des femmes, de lutter contre la drogue et de stabiliser la région. "Vingt ans après, on voit que la situation est toujours la même qu’au départ". Les Talibans sont toujours présents, "ils représentent quelque chose dans la société Afghane", une forme d’affirmation face aux autres Afghans. Le pays a tout de même tenté des négociations avec le gouvernement de Kaboul, sans succès. Les guerres s’enchaînent "depuis 1978" et malgré les interventions étrangères, le conflit est "civil et se déroule entre Afghans" comme le dit Jean-Dominique Merchet.
Aujourd’hui, les États-Unis souhaitent protéger leur territoire, "la menace terroriste est derrière eux", ce qui n’exclut pas un potentiel attentat. Cependant, toute la grande puissance du monde se tourne contre la Chine. Un pays qui monte en force constamment, jugé moins gérable que les conflits d’Afghanistan. Il y a donc "un basculement de la stratégie américaine, qui termine une grande époque".
En comparant ce recul des troupes américaines à la France, le journaliste de l’Opinion constate que le pays est dans le même cas de figure que les États-Unis. "S’engager dans une guerre est facile, il est très difficile d’en sortir, mais surtout, on ne gagne pas".
Sur un autre front, Jean-Dominique Merchet parlait, au micro d’Ilana Ferhadian, de la position des États-Unis face à la crise du nucléaire entre l’Iran et Israël. Le pays gouverné par Joe Biden a demandé à Israël de cesser ces commentaires concernant l’Iran, qui gênent les négociations sur un potentiel accord. "Une vision globale, mondiale des choses" de la part des États-Unis. Pour eux, l’essentiel aujourd’hui, c’est que l’Iran ne tombe pas "totalement du côté chinois". Face à cette position, le journaliste constate que "Biden est moins proche de Netanyahou que l’était Trump", un fait qui n’empêche pas à "l’alliance historique entre les États-Unis et Israël" de rester une "garantie de sécurité".
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