C’est aujourd'hui le jour J pour Thomas Pesquet ! Le célèbre astronaute français prendra la route ce vendredi 23 avril 2021 aux alentours de midi direction la fameuse station spatiale internationale, l'ISS dans laquelle il avait déjà vécu il y a cinq ans. Alors en quoi consistera ce voyage ?
Enfin, c'est aussi l'occasion de s'intéresser à l'expérience d'Israel en la matière, alors qu'Eytan Stibbe, était annoncé en novembre dernier comme le deuxième astronaute israélien à rejoindre l’espace dès la fin de l'année.
Par Ilana Ferhadian
Comme un air de déjà-vu pour Thomas Pesquet
Thomas Pesquet décollera très précisément ce vendredi à 11h49, depuis Cap Canaveral en Floride à bord de la capsule américaine Crew Dragon de l’entreprise Space X financée par Elon Musk. C’est la première fois qu’un astronaute européen y sera à bord. Pour rappel, de novembre 2016 à juin 2017, lors de son premier séjour, c’est à bord du vaisseau russe Soyouz que Thomas Pesquet avait rejoint l’ISS, située à 400 kilomètres de la Terre. Le voyage durera cette fois 23 heures, et à l’occasion Thomas Pesquet sera accompagné de trois co équipiers.
Une aventure qui devrait durer 6 mois, comme cela avait été le cas lors de son précédent voyage. C’est une visite historique à plus d’un titre pour un français, d’abord par ce que là-haut, Thomas Pesquet deviendra l’astronaute français ayant passé le plus de temps dans l’Espace. Et surtout le premier français à prendre le commandement de l’ISS, comme cela est prévu pour le dernier mois de sa mission. Une vraie reconnaissance pour ce français dont on vante les nombreux exploits physiques et les caractéristiques intellectuelles fortes. A 43 ans, Thomas Pesquet est en effet un homme aux multiples ressources. Polyglotte (il parle six langues), il pratique aussi une dizaine de sports.
Une préparation physique rude pour un seul objectif
Un voyage dans l’espace qui ne s’est par ailleurs pas fait sans préparation puisque ce sont des heures de travail et notamment des exercices de très haut niveau qui ont été accomplis ces derniers mois. Difficile pour un être humain par exemple de passer des heures dans un scaphandre dans une piscine pour s’entraîner, avec le poids que cela engendre. Sans parler bien sûr des heures d’apprentissage du matériel technique, car Thomas Pesquet et ses co-équipiers doivent connaitre tous les recoins des appareils. En cas de pépin, s’il y a le feu par exemple, il faut agir vite. C’est une vraie aventure, avec encore une fois un seul objectif : le progrès scientifique.
En effet, les occupants de la Station spatiale internationale ont un planning scientifique chargé. Comme il y a cinq ans, Thomas Pesquet devrait à lui seul mener une soixantaine d’expériences, que ce soit dans le domaine médical, physique ou biologique… Les scientifiques étudieront d'avantage encore la microgravité sur les organismes et la matière. La physiologie humaine est au coeur des enjeux, notamment son adaptation aux longs séjours dans l’espace, dans le contexte, on l’imagine bien, d’un prochain retour vers la Lune et ultérieurement sur Mars. Le rêve ultime d’ailleurs de Thomas Pesquet...
N'oublions pas non plus les sorties extra-véhiculaires, ces moments assez angoissants où les astronautes doivent sortir de l’ISS pour des opérations dans l’Espace. Thomas Pesquet, lui, en a déjà deux au compteur. Quatre sont programmées au cours de son nouveau séjour. Peut être que ça lui donnera l’occasion de faire de plus belles photos encore !
Puisqu'on s’en souvient, de ces photos incroyables qu’il avait partagé sur les réseaux sociaux il y a cinq ans, des images inédites vues de l’espace, de la France et de Paris notamment. Au total 85 000 photos avaient été prises par Thomas Pesquet ! Le moyen aussi pour lui de se positionner en lanceur d’alerte en montrant la pollution atmosphérique et les dégâts causés par le réchauffement climatique. D’ailleurs l’environnement est un vrai sujet pour Thomas Pesquet, lui qui a par exemple demandé à avoir des emballages comestibles dans l’espace pour sa nourriture, afin de ne pas créer de déchets.
Israël, l'innovation dans la peau
Penchons nous à présent sur les programmes spatiaux israéliens. Même si l’agence spatiale israélienne, en hébreu Sokhnout HaH'alal HaIsraelit a seulement été fondée le 19 septembre 1983 (donc bien plus tard que les agences américaines et russes par exemple, qui sont sur le qui vive, elles, depuis la fin de la seconde guerre mondiale) Israël a par le passé déjà démontré sa volonté d'innover dans ce domaine.
Dès les années 1970, en réalité, Israël démarre ses activités spatiales en développant les infrastructures nécessaires pour la recherche et l'exploration spatiale. Une activité marquée par le développement de satellites et d'infrastructures de lancement. Ce qui fera quand même entrer Israël dans le club des pays ayant cette capacité.
Ainsi, en 1988, Israël lancera le premier d'une longue série de satellites, le fameux Ofeq. L'Etat Juif devient alors le 9ème pays au monde à avoir lancé un satellite avec son propre lanceur. Viendront ensuite les nano-satellites, pesant moins de 3 kilos. C’est tout récent, en février 2021, le premier nano-satellite à être entièrement conçu, développé et testé par des étudiants israéliens d'une université israélienne avait été lancé dans l’espace direction l’ISS.
L'espace, un terrain de jeu stratégique et politique
C’est ce que les jeunes scientifiques israéliens ont appelé la « Révolution de l'espace civil », soit New Space, dans laquelle, contrairement à l’Old Space, les entreprises géantes avec d'énormes budgets et les grandes équipes d'ingénieurs ne sont plus les seules à construire des satellites.
En tout cas, bien que loin des Etats-Unis ou de la Russie, Israël fût le premier pays du Proche Orient à fabriquer et lancer ses propres satellites espions. Une politique décidée après l'attaque surprise conjointe de l'Égypte et de la Syrie en 1973, point de départ de la guerre du Kippour. Désormais, Israël doit faire face à l'Iran, qui dispose également de la capacité de mise en orbite de satellites.
Dans le domaine spatial, ce qui est important, c’est aussi la coopération entre différents pays, certainement d’ailleurs un des domaines dans lesquels des ennemis jurés peuvent vraiment s’entendre, pour le "bien de la science". Ainsi, entre Israël et les États-Unis, une coopération très forte a commencé dès les années 80.
Ilan Ramon, la tragédie de Columbia
Et tout s'est accéléré à la fin des années 1990. En 1995, le Président Clinton et le Premier Ministre Shimon Peres conviennent d’une coopération pour aider à la recherche sur le changement climatique. Pour ce projet, baptisé MEIDEIX, Israël et la NASA décident alors d’envoyer un astronaute qui réalisera des expériences dans le milieu spatial.
Et il faudra donc attendre le 16 janvier 2003 pour qu’Ilan Ramon, le premier spationaute israélien, monte enfin avec 6 autres scientifiques dans la fameuse navette Columbia direction l’Espace. Au total, les scientifiques mènent sur place près de 80 expériences dans le domaine de la biologie, et de la recherche bio-médicale notamment. Malheureusement, le voyage va très mal se terminer…
En effet, le 1er février 2003, au retour sur terre des astronautes, et durant l’entrée de la navette Columbia dans l'atmosphère, la capsule se désagrège, tuant les 7 membres de l'équipage. Une partie des débris de la navette, qui avait plus de 20 années de vol, a été retrouvée, comble de l’ironie, dans la ville de Palestine, une ville du Texas de l’Est aux Etats Unis.
Eytan Stibbe, une fierté israélienne
Une tragédie qui ne démotivera pas les israéliens toutefois. Bien au contraire. Même si cela a pris presque 20 ans, Israël a enfin présenté le deuxième astronaute qui se rendra dans l'espace. Son nom ? Eytan Stibbe, un proche ami d’Ilan Ramon. Homme d’affaire israélien, devenu multimillionnaire en vendant des armes à des pays africains. C’est aussi et surtout un ancien pilote de chasse qui s’était distingué dans l’aviation israélienne en abattant en l’espace de quelques minutes quatre avions ennemis durant l’intervention de Tsahal au Liban en 1982.
Avec 4 autres astronautes, Eytan Meir Stibbe, 62 ans, prendra donc le chemin pour l’ISS. Il devrait quitter la terre pour une mission privée qui aura lieu mois de novembre de cette année 2021. A noter qu’Eytan Stibbe va par ailleurs autofinancer son séjour, qui devrait durer seulement 8 jours. 100 millions de shekels seront déboursés par l’homme d’affaires, soit environ 25 millions d’euros.
Israël, quoi qu’il en soit, devra se montrer prudent car le pays n’est pas à l’abri des échecs. Rappelons-nous, en février 2019 quand la sonde Bereshit, de 585 kilos, partie de Cap Canaveral en Floride à destination de la Lune s'était écrasée.
Mais ces échecs font bien avancer la science. Les israéliens continuent d'innover. Aller toujours et encore plus loin, c’est bien, je crois, la devise des israéliens.
Ilana Ferhadian
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