Vote du parlement jordanien contre l'importation de gaz israélien, des relations entre Amman et Jérusalem toujours tendues

Israël.

Vote du parlement jordanien contre l'importation de gaz israélien, des relations entre Amman et Jérusalem toujours tendues

Vendredi, c'étaient des centaines de Jordaniens qui défilaient dans les rues d'Amman pour refuser le "gaz de la honte" et menacer de renverser le gouvernement. Dimanche, c'était au tour des députés jordaniens de voter à la majorité une résolution réclamant l'annulation de l'accord passé avec Israël pour l'importation de gaz naturel en 2016 et qui est devenu opérationnel il y a quelques semaines. Le gouvernement jordanien avait au contraire accueilli positivement l'offre israélienne de lui fournir du gaz, alors qu'il pouvait de moins en moins compter sur ses importations d'Egypte. L'accord conclu avec Israël va assurer à la Jordanie 15 années d'approvisionnement d'un volume de 8 millions 400 mille mètres cubes de gaz par jour, en provenance du gisement Léviathan.

Même si l'achat de gaz à Israël doit réduire de plus de 600 millions de dollars annuels la facture énergétique de la Jordanie, qui n'a quasiment aucune ressource naturelle, l'hostilité persistante envers Israël, fait passer au second plan l'intérêt du pays. En tout cas pour une large partie du public et de la classe politique du royaume hachémite. La population jordanienne, composée pour moitié de Palestiniens, n'a jamais voulu envisager de normalisation des relations avec Israël, malgré le traité de paix signé entre les deux pays en 1994.

Depuis 25 ans, l'opinion jordanienne est restée globalement anti-israélienne. Et la montée en puissance politique des islamistes n'a pas contribué à apaiser les esprits. Chaque événement touchant aux relations bilatérales, même quand il est positif, ravive les sentiments anti-israéliens. Le roi Abdallah, qui connait l'importance de ses relations stratégiques avec Israël, doit en permanence louvoyer entre les intérêts de son royaume et la sensibilité de son peuple.

La décision de récupérer l'automne dernier les deux enclaves israéliennes frontalières est un exemple caractéristique de cette politique à deux vitesses. L'accord de paix de 1994 avait donné à bail à Israël l'accès aux deux sites de Naarayim et Tsofar, lui permettant d'en poursuivre l'exploitation agricole. Le traité prévoyait que le bail était renouvelable automatiquement pour 25 années supplémentaires, sauf si l'une des parties le dénonçait avant l'échéance. Ce qu'a donc fait la Jordanie. La mesure était clairement destinée à caresser l'opinion dans le sens du poil, en donnant au roi Abdallah l'occasion d'apparaitre en "vainqueur d'Israël", sans risquer de rétorsion israélienne. Et cela a calmé provisoirement les demandes récurrentes du parlement jordanien d'annuler le traité de paix.

Cette fois, le souverain hachémite devra encore laisser passer la tempête, et pour faire bonne mesure, il reprendra pour un temps sa rhétorique anti-israélienne sur Jérusalem ou les projets d'annexion de la Dépression du Jourdain. Car Abdallah sait que son pays a absolument besoin du gaz israélien et qu'il n'a pas d'alternative valable.

Pascale Zonszain

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