Pendant l'épidémie, la politique continue. On l'avait presque oublié, mais Israël a élu le 2 mars dernier sa nouvelle Knesset, troisième scrutin législatif en moins d'un an et attend toujours son nouveau gouvernement. C'est le président israélien qui a jeté un pavé dans la mare, en obligeant les élus à trouver une solution. Reuven Rivlin a en effet refusé à Benny Gantz la prolongation de 14 jours de son mandat pour former le gouvernement. En tant que premier candidat désigné pour composer la coalition, le leader du parti Bleu Blanc pouvait demander un délai supplémentaire, comme le lui permet la loi et ce qu'il a d'ailleurs fait. Mais le chef de l'Etat a préféré brûler les étapes. Non seulement Benny Gantz n'obtiendra pas de sursis, mais de plus le mandat ne passera pas à Benyamin Netanyahou. Reuven Rivlina en effet décidé que la mission de désigner un nouveau candidat serait de nouveau confiée aux députés, si les chefs des deux principaux partis ne parviennent pas à se mettre d'accord sur une formule de gouvernement. Ce qui veut dire en clair, encore 21 jours de consultations, 14 jours de négociations et ensuite, si aucun gouvernement n'est formé, nouvelle dissolution de l'assemblée et retour aux élections 90 jours plus tard. Un ultimatum dont le président Rivlin espère qu'il sera suffisamment dissuasif pour persuader la classe politique d'aboutir à un compromis. Le chef de l'Etat a pourtant laissé la porte entrouverte, en ajoutant à sa décision un alinéa qui précise que si Benny Gantz et Benyamin Netanyahou parviennent à boucler leurs tractations d'ici ce soir minuit, il sera prêt à leur accorder un délai pour finaliser l'accord de coalition. On sait que Benny Gantz, avec les quinze élus de son parti, s'est séparé de la liste centriste, dont il a pourtant conservé le nom. C'est avec ce groupe qu'il s'est rapproché de Benyamin Netanyahou, en vue de former un gouvernement d'union dont le chef du Likoud prendrait la direction pour dix-huit mois avant de laisser la place au leader de Bleu Blanc. Il y a encore une quinzaine de jours, on pensait être à deux doigts d'un accord, mais les tractations ont capoté dans la dernière ligne droite. Le Likoud n'était pas disposé à renoncer à sa réforme du système judiciaire, que Bleu Blanc considère de son côté comme dangereuse. Sur le papier, une alliance de Bleu Blanc avec le bloc de droite représenterait une majorité de plus de 70 sièges à la Knesset. Mais Benny Gantz seul, n'a plus aucune chance de parvenir ne serait-ce qu'à un gouvernement de minorité, depuis qu'il a brûlé les ponts derrière lui en quittant le bloc de centre-gauche. Même cas de figure pour ses ex-partenaires centristes. Les deux seules options viables ou en tout cas réalistes, sont soit un gouvernement d'union et de Bleu Blanc, soit un gouvernement resserré à droite, si Benyamin Netanyahou parvient à débaucher deux élus du centre-gauche. L'alternative à ces deux formules étant de nouvelles élections pour le mois de septembre, sans que l'on n'ait la moindre idée des conditions dans lesquelles elles pourraient avoir lieu, si à cette date, l'épidémie de coronavirus n'a toujours pas été résorbée. On peut donc considérer que Benyamin Netanyahou va jouer la montre et compter sur la pression de l'opinion, pour éviter, même à la dernière minute, le scénario d'un quatrième scrutin.
Pascale Zonszain
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