Le Hamas prend la main à Jérusalem

Israël.

Le Hamas prend la main à Jérusalem
(Crédit: DR)

Il y a quelques jours, une figure terroriste du Hamas est sortie du silence. Mohammad Def, qui a échappé à plusieurs tentatives d'élimination par les forces de sécurité israéliennes, a lancé depuis Gaza un avertissement à Israël : "Nous ne resterons pas les bras croisés, si les attaques continuent contre nos frères de Sheikh Jarrah. L'ennemi le paiera très cher" a affirmé le chef de la branche armée du Hamas. Sheikh Jarrah, c'est un quartier de l'est de Jérusalem, proche de la vielle ville, où se poursuit depuis près de quinze ans un contentieux entre des familles arabes et des organisations juives.

Pour comprendre la situation actuelle, il faut remonter loin en arrière. Dans ce quartier qui abrite le tombeau de Shimon Hatsadik, vivait une communauté juive dans les années qui précédaient l'indépendance d'Israël. Avec la guerre de 1948 et l'occupation jordanienne, les Juifs ont fui le quartier pour passer dans la partie occidentale de Jérusalem. Mais les immeubles qu'ils habitaient avaient pour certains des propriétaires juifs. Entretemps, des familles arabes s'y sont installées et y résident pour certaines depuis plus de 70 ans. Plusieurs organisations juives ont commencé depuis une quinzaine d'années à réclamer la restitution de ces immeubles à leurs propriétaires originels, sur la base d'une loi autorisant les Israéliens à demander restitution des biens dont ils ont été expulsés par les Arabes en 1949.

Plusieurs ordonnances d'expulsion ont ainsi été prononcées par des juridictions israéliennes, contre lesquelles les habitants arabes de Sheikh Jarrah ont fait appel devant la Cour Suprême. Les juges avaient alors proposé un compromis par lequel les résidents arabes reconnaitraient les titres de propriété juifs, tandis que les Juifs reconnaitraient les droits de jouissance des résidents arabes. Mais la négociation n'a pas abouti et la Cour a annoncé hier qu'elle rendrait une décision définitive dans le courant de la semaine prochaine.

Mais sur le terrain, la situation s'est déjà considérablement dégradée. Des familles juives se sont installées dans plusieurs logements vacants, et les tensions sont devenues récurrentes avec leurs voisins arabes. Et depuis quelques semaines, les accrochages sont devenus quotidiens, en particulier depuis le début du mois de Ramadan. Il ne se passe plus une nuit sans que des voitures soient caillassées, des  habitants juifs molestés, ou que des manifestants arabes se heurtent aux forces de l'ordre.

Le climat est donc déjà fébrile et voilà que le Hamas prend fait et cause pour les 70 familles arabes  de Sheikh Jarrah, qui pourraient faire l'objet d'un arrêté d'expulsion d'ici l'été. Jérusalem a toujours été un excellent thème de mobilisation pour l'organisation islamiste palestinienne. Elle l'avait déjà fait en 2018 avec les émeutes sur la barrière de Gaza lors du transfert de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem. Elle l'a refait il y a trois semaines en tirant des roquettes contre l'ouest du Néguev, lors des émeutes de la Porte de Damas. C'est pour le Hamas un moyen de défier non seulement Israël, mais aussi l'Autorité Palestinienne de Mahmoud Abbas, avec un potentiel d'embrasement qui peut se propager à la Judée Samarie. Lundi, Israël célébrera le 54e anniversaire de la réunification de Jérusalem. Le Hamas est aux aguets et les forces de sécurité israélienne sont en alerte.

Pascale Zonszain

pzoom070521

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