Chaque année, quelques semaines après Yom Haatsamout, la fête de l’indépendance de l’Etat d’Israel, les Israéliens ressortent leurs plus beaux drapeaux. Le cœur en fête, ils célèbrent la réunification de Jérusalem, Yom Yerushalayim, au 28 Iyar du calendrier hébraïque. C’est donc aujourd’hui, le 54ème anniversaire des retrouvailles entre Jérusalem et le peuple juif. 54 ans aussi que les juifs, et tous les peuples du monde peuvent visiter et prier librement sur les lieux saints de Jérusalem… C’est l’occasion de revenir sur cette date historique qui célèbre la reconquête de Jérusalem par l'armée israélienne au cours de la guerre des Six jours en 1967.
Par Ilana Ferhadian
Pour comprendre l’histoire de Jérusalem et les tractations qui l’entourent autour de sa souveraineté, il faut faire un saut dans le passé. Pour rappel, le plan de partage de la Palestine mandataire par l’ONU en 1947 prévoyait deux États indépendants, l'un juif et l'autre arabe, ainsi qu’une zone internationale. Selon ce plan, Jérusalem et sa région étaient ainsi placés sous contrôle des Nations Unies. Mais ce plan, pourtant fortement favorable aux arabes est rejeté par ces derniers et tous les pays voisins, qui attaquent l'État d'Israël le 15 mai 1948, soit le lendemain de son indépendance.
Les juifs expulsés de Jérusalem en 1948
C’est la fameuse guerre israélo-arabe de 1948, qui se terminera par un armistice signé un an plus tard. Accord qui comprend un partage de la ville de Jérusalem suivant la ligne de front, entre une partie orientale, désormais dénommée par la communauté internationale « Jérusalem-Est », sous contrôle jordanien et une partie occidentale sous contrôle israélien. C’est alors la désunification totale de la capitale légitime du peuple juif.
En effet, le 28 mai 1948, la vieille ville de Jérusalem tombe entre les mains de l’armée jordanienne. Alors que les Juifs ont presque toujours constitué la majorité de la population à Jérusalem, ils sont expulsés. 58 synagogues de la vieille ville sont dynamités, des cimetières également, sont profanés. Pendant 19 ans, aucun juif n’aura accès au mont du temple, au Kotel et a la veille ville. La présence juive est interdite, y compris donc sur les lieux saints. Ce qui explique aujourd'hui les tensions d'ailleurs dans le quartier de Cheikh Jarrah (Shimon Hatzadik en hébreu), les maisons arabes actuelles ayant été expropriées à leurs propriétaires juifs en 1948.
Israël, face à trois armées arabes en 1967
Et la guerre de 1948 fût la première d’une longue liste pour Israël. En 1967 éclate la guerre des Six Jours, guerre déclenchée par les arabes. Guerre qui oppose alors Israël à l'Égypte, la Jordanie et la Syrie. Un conflit qui débute le 15 mai 1967, alors que l’armée égyptienne avance dans le Sinaï, et expulse les forces de l’ONU qui s’y trouvent. Une alliance militaire est conclue entre l’Egypte, la Jordanie, la Syrie mais aussi l’Irak qui rapprochent leurs troupes des frontières d’Israël.
Israel a tout à craindre de cette alliance. Il faut quand même rappeler ces chiffres : à l’époque, les armées arabes possèdent deux fois plus de soldats, trois fois plus d’avions, et quatre fois plus de tanks. Des cimetières sont même creusés par les juifs dans toutes les grandes villes d’israël, en prévision de la guerre…c’est dire le peu d’espoir qu’il y avait.
L'ingéniosité des forces israéliennes
Mais résolus à se défendre, le 5 juin 1967, a 7H15 du matin, s’envolent 185 avions israéliens. L’objectif : une attaque préventive sur les forces aériennes égyptiennes… Sont laissés uniquement 12 avions pour protéger le reste du territoire israélien. Le risque est important : l’Égypte possède de nombreuses batteries de missiles anti-aériennes, donc si les avions israéliens sont découverts avant l’attaque, les pertes seront grandes, et laisseront Israel sans forces aériennes suffisantes. Mais c’était sans compter sur l’ingéniosité des israéliens. Les 185 aviateurs d’Israel volent tout le long a 20 mètres du sol pour ne pas être repérés. 30 minutes après leur départ, les avions israéliens bombardent les pistes de décollage égyptiennes dans le Sinaï, et c’est une immense victoire pour Israël. En une heure, plus de 200 avions égyptiens sont abattus, soit la moitié de la force aérienne égyptienne. Du côté d’Israel, on essuie des pertes, mais bien moindres : seulement 8 avions israéliens tombent au combat.
Ce qu’il faut préciser, c’est que l’armée égyptienne a très mal géré son armée, puisqu’à cette époque, le ministre de la défense et chef d'État-Major égpytien, Abdel Hakim Amer avait prévu un survol de ses troupes dans le Sinaï. Et il ordonne, entre 7h et 8h du matin, de n’engager aucun tir sans son accord direct ! Une véritable aubaine pour Israel, les renseignements israéliens n’ayant pourtant absolument pas connaissance de cet ordre. Ainsi, grâce a cette consigne de ne pas tirer, lorsque les avions israéliens sont apparus, les défenses égyptiennes ont mis du temps, beaucoup trop de temps a réagir.
"Le mont du Temple est entre nos mains..."
Au même moment, la Jordanie, aussi engagée dans la guerre, en profite et commence a bombarder Jerusalem et les villes du centre du pays. Les tanks jordaniens se dirigent de Jericho vers Jerusalem. C’est un acte de guerre pour l’Etat Juif qui décide alors d’en découdre et de libérer la vielle ville de Jérusalem, mais aussi la Judée, et la Samarie. Pendant près de 48 heures sans répit, les parachutistes et les tanks israéliens vont livrer la fameuse «bataille de Jérusalem». Les combats sont difficiles, et les pertes nombreuses…
Mais c’est un combat à l’issue heureuse, puisqu’a 11h du matin, le 3ème jour de guerre, le 7 juin 1967, les parachutistes montent enfin à l’assaut de la porte des Lions. Ancienne porte faite à l’origine pour les charrettes et les chameaux, et pas vraiment pour les tanks... On sait qu’un char d’ailleurs y restera bloqué et nombre des soldats ont du ramper à l’époque sous ce tank pour entrer dans la Vieille Ville ! C’est ainsi qu’on entendit pour la première fois, sur toutes les radios d’Israël et dans la voix émue du commandant de la région Centre, le général Motta Gur : « Le mont du temple, est entre nos mains ! »
On entend aussi ce journaliste, Refael Amir, en direct a la radio : « Je descends en ce moment les escaliers vers le Kotel... Je ne suis pas un homme religieux, je ne l’ai jamais été, mais voici le Kotel et je touche les pierres du Kotel… »
Puis arrive le Rabbin Shlomo Goren, rabbin de l’armée ayant participé aux combats, rouleau de Torah dans les bras :
« Béni sois-tu Seigneur, toi qui console Sion et reconstruit Jerusalem… »
Au son du shofar, il fait résonner le triomphe.
Le cessez-le-feu est décrété le 11 juin 1967. Ce qu’il faut dire c’est que l’armée israélienne découvre le Quartier juif dans un état lamentable, car les occupants jordaniens avaient commencé à le raser et à transformer ses anciennes ruelles et ses édifices en un complexe d’appartements modernes de luxe…
Enfin bref, le gouvernement israélien déclare officiellement Jérusalem réunifiée et capitale éternelle et indivisible du peuple juif. Il n’est plus question de parler de « Jérusalem Est » ou d’une partie de Jérusalem qui n’appartiendrait pas à l’Etat Hébreu.
Chaque année, ce jour est donc l’occasion de grandes réjouissances, décrété par la Knesset comme jour de fête nationale.
Ainsi, mille fois bannis de Jérusalem, les Juifs y sont toujours revenus. Et j’aimerais d’ailleurs, pour conclure, rappeler ces mots d’Elie Wiesel, en 2010, dans le Wall Street Journal, sous la forme de lettre ouverte au président Barack Obama : « Pour moi, pour le Juif que je suis, Jérusalem est au-dessus de la politique. Elle est mentionnée plus de 600 fois dans la Bible, et pas une seule fois dans le Coran. Sa présence dans l'histoire juive est écrasante. Jérusalem appartient au peuple juif et elle est beaucoup plus qu'une ville, elle est ce qui lie un Juif à l'autre d'une manière qui reste difficile à expliquer. Quand un Juif visite Jérusalem pour la première fois, ce n'est pas la première fois, c'est une sorte de retour aux sources. Comme le maître hassidique Rabbi Nahman de Breslev l’a dit: ‘Tout dans ce monde a un cœur, le cœur lui-même a son propre cœur.’ Jérusalem est le cœur de notre cœur, l'âme de notre âme.»
Ilana Ferhadian
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