L’historien et ancien ambassadeur d’Israël en France, Eli Barnavi, était l’invité dans le Morning de Radio J, ce vendredi matin à 6h35, au micro de Laurence Kahn. Il revient sur les récents événements en Israël.
Dans un contexte de double conflit pour Israël, Eli Barnavi juge que les éruptions de violences entre Juifs et Arabes sont bien plus inquiétantes, que le Hamas, dont le cycle est bien connu, "et qui va finir par s’arrêter". Ce qui se passe dans les villes mixtes israéliennes est préoccupant, car "on assiste pour la première fois à un véritable début de guerre civile". Elle risque de durer bien longtemps, "et ce n’est pas du tout sûr qu’on sache comment s’y prendre". Ce qui est nouveau dans ces conflits internes, où dans des endroits où jusque-là la cohabitation entre Juifs et Arabes était d’apparence paisible, comme à Haïfa, c’est surtout la violence, l’ampleur et leur simultanéité. "Les illusions que tout allait bien, ont volé en éclats“. Face à ces conflits internes, la police se trouve impuissante, selon Eli Barnavi.
Au sujet du rôle diplomatique que pourrait jouer l’ONU dans la résolution de ce conflit, Eli Barnavi se montre sceptique: "L'ONU ne s’entend pas sur ce qu’il faudrait faire, il est gouverné par un corps qui est profondément divisé." En revanche, "l’administration Biden n’a pas encore abattu ses cartes et on ne sait pas encore ce que les Américains entendent faire". Jusqu’à présent, selon Eli Barnavi, venant de la Maison Blanche, il y a certes eu des déclarations de sympathie, de compréhension, mais "pour l'instant, l'administration Biden ne fait rien et se tient à l’écart." Il suppose que l’implication sera de plus en plus lourde à partir de maintenant, car la situation risque d’échapper au contrôle des acteurs sur le terrain.
Washington a multiplié les contacts avec notamment l'Egypte et le Qatar pour qu’ils fassent pression sur le Hamas, mais pour Barnavi c’est sans succès pour le moment. Le Hamas, qui a "d’ailleurs eu ce qu’il voulait, en prouvant qu’il pouvait frapper de manière douloureuse et efficace." Le Hamas a montré qu’il était l'initiateur du conflit et c’est une des raisons pour lesquelles il serait prêt à tout arrêter maintenant, mais "Israël ne veut pas arrêter tout de suite, il veut au moins exiger un prix aussi élevé que possible". Néanmoins le problème reste qu’il n'existe pas de fin objective à ce conflit, selon Eli Barnavi, qui conclut : "il n’y a pas un moment où on se dira, voilà le but est atteint, maintenant on peut s’arrêter."
Lucie Claudon
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