L’effet le plus délétère de toute guerre, de toute explosion de violence, est cette obscurité qui envahit nos esprits et nous interdit d’imaginer un autre temps, où l’humanité reprendrait ses esprits. Jour après jour, heure par heure, nous scrutons à distance le ciel d’Israël et celui de Gaza. Par le miracles de WhatsApp , nous parlons avec nos proches, là-bas… Avec un ami de Ramat Gam parvenu de justesse à l’abri, quand une roquette tuait un de ses voisins. Puis, une autre, dont les enfants ne dorment pas, réveillés par les sirènes et surtout par le bruit infernal du Dôme de fer, car cette formidable technologie n’arrête pas les missiles en silence… Nous fulminons en lisant les titres de journaux français, présentant la défense d’Israël comme une agression contre Gaza, reprenant, comme une habitude, la comptabilité des enfants tués, en omettant de dire que le Hamas les utilise comme boucliers, de gré ou de force.
Mince consolation, en dépit d’une propagande qui en certains milieux relève du lavage de cerveau, les manifestations anti-israéliennes se sont soldées par un échec retentissant. Celle de Paris, interdite, a surtout rassemblé 4 200 policiers selon la préfecture, et les divers rassemblements en région totalisent 20 000 manifestants, ce qui est insignifiant… Les Français ont fait l’expérience du terrorisme, ils sont peu nombreux à manifester pour les islamistes de Gaza…
L’issue du conflit armé n’est pas douteuse. Tsahal fera taire les roquettes. Le Hamas cessera le feu, tout en déployant une arme plus meurtrière, l’image des destructions, des corps que l’on dégage des gravas et des foules criant vengeance en brandissant les cercueils. Mais au sortir de ce conflit, la principale force de l’Etat d’Israël et du peuple juif aura été sérieusement endommagée. Cette force, c’est la capacité des juifs à combattre le mal par le bien, à ne pas se laisser gagner par la haine, à choisir la vie contre la mort. Cette force qu’exprimait Golda, par cette phrase extraordinaire: "Nous pouvons leur pardonner de tuer nos enfants, nous ne pourrons jamais leur pardonner de nous obliger à tuer les leurs..."
Les affrontements entre juifs et arabes d’Israël causent plus de dégâts que les roquettes du Hamas. Il ne s’agit pas des dégâts matériels, des incendies, des jets de pierres, ni même des blessures physiques. Il s’agit seulement de la haine, qui menace de ruiner plus de soixante dix années d’un lent processus de rapprochement, sinon d’intégration. Dans les derniers mois, les médecins et les personnels soignants, juifs et arabes, ont combattu ensemble la pandémie, et ils ont mené ensemble une campagne de vaccination exemplaire. Ils ont prouvé qu’il était possible de vivre et de travailler ensemble. Que cela nous plaise ou non, avec ou sans la solution à deux Etats, la vie devra reprendre, avec des peuples que l’histoire a mêlés. Il nous faudra oublier la haine, la détruire en nous mêmes…
Qui eût imaginé, jadis, que le drapeau d’Israël flotterait à Vienne sur la chancellerie d’Autriche et que la chancelière d’Allemagne le ferait hisser, à Berlin, sur le siège de son parti, la CDU ? Il y eut un tollé, en Israël, lorsque Ben Gourion décida d’établir des relations diplomatiques avec l’Allemagne fédérale. Comment pouvait-on se réconcilier avec les Allemands ? Aujourd’hui, l’Allemagne est la première puissance mondiale à se déclarer totalement solidaire d’Israël. Comme hier en Allemagne, il y a dans le monde arabe, des foules qui crient leur haine des juifs et d’Israël.
Laissons leur la haine, ne la partageons pas. Il n’y a pas, pour les Palestiniens, d’issue militaire, la violence les a menés de catastrophe en catastrophe. Mais les juifs ne peuvent vivre en Israël comme s’ils étaient seuls, comme si leur destin n’était pas mêlé à celui de leurs commensaux et de leurs voisins. Je sais bien qu’il faut beaucoup d’optimisme pour croire que la paix sera possible, mais c’est le propre du peuple juif, qui a toujours cru à son avenir, quand depuis des millénaires des forces immenses cherchaient à le détruire…
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