La technique du Hamas consiste à exploiter tous les points faibles d'Israël ou à tenter de les exploiter. Durant les semaines qui avaient précédé le concours de l'Eurovision en mai dernier, l'organisation islamiste palestinienne avait menacé de tirer des roquettes sur Tel Aviv pour perturber le déroulement de la manifestation et dissuader aussi les milliers de visiteurs attendus pour l'occasion. Finalement, tout s'était déroulé sans incident.
En mai 2018 pourtant, le Hamas avait parfaitement réussi à retourner à son avantage la cérémonie d'inauguration de l'ambassade des Etats-Unis à Jérusalem. Les violentes émeutes qu'il avait organisées sur la barrière de sécurité de Gaza, avaient été retransmises en direct par les télévisions étrangères, parallèlement à l'événement qui se déroulait dans la capitale israélienne.
Le Hamas pourrait être tenté de renouveler l'exercice, alors qu'Israël attend à partir de demain plus de 40 délégations de chefs d'Etat et de gouvernement venus du monde entier participer jeudi aux cérémonies de commémoration du 75e anniversaire de la libération d'Auschwitz. C'est pour anticiper ce risque, qu'Israël a déjà fait passer des messages d'avertissement à l'organisation qui contrôle la Bande de Gaza.
L'autre événement du calendrier israélien que l'organisation palestinienne pourrait être tentée d'instrumentaliser, ce sont les élections législatives du 2 mars. A deux reprises déjà, au cours des derniers mois, le Hamas a tiré ses roquettes sur Ashdod et sur Ashkelon, contraignant le Premier ministre Benyamin Netanyahou à interrompre ses meetings électoraux, quand ses gardes du corps l'ont fait descendre de la tribune pour le mettre à l'abri.
Mais dans le même temps, jouer sur une escalade contrôlée peut à tout moment déraper et entrainer l'effet inverse. Le Hamas qui sait lire la carte politique israélienne, connait le risque d'un revirement de l'exécutif, qui pourrait décider, justement en période électorale, de lancer une opération contre les groupes terroristes de la Bande de Gaza.
D'autre part, le mouvement islamiste palestinien doit aussi prendre en compte l'Egypte, son autre partenaire dans ce jeu complexe. C'est l'Egypte qui sert d'intermédiaire avec Israël pour négocier ou aménager les conditions de la trêve. C'est aussi l'Egypte qui a intérêt à garder un œil sur ce qui se passe dans la Bande de Gaza, pour que le territoire palestinien ne devienne pas une base arrière des djihadistes du Sinaï qui y attaquent les forces égyptiennes.
Mais le Caire ne veut pas non plus que le Hamas aille se chercher un autre patron, à savoir l'Iran. Or, les Egyptiens n'ont pas du tout apprécié de voir une délégation du Hamas dirigée par Ismaïl Haniyeh se rendre récemment à Téhéran pour présenter ses condoléances à l'ayatollah Khamenei après l'élimination de Qassem Soleimani.
Le Hamas pourrait avoir bientôt épuisé son crédit de patience tant du côté d'Israël que de celui de l'Egypte. Même si l'escalade n'est pas inévitable, elle est toujours possible.
Pascale Zonszain
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