Les deux guerres du Hamas

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Les deux guerres du Hamas
(Crédit: DR)

Beaucoup d'Israéliens avaient du mal à définir leur malaise après l'annonce du cessez-le-feu du 21 mai. Il mettait pourtant un terme à un nouvel épisode de violence et au tir de plus de 4 000 roquettes palestiniennes en 11 jours sur les villes du sud et du centre du pays, soit presque autant que durant les 51 jours de l'opération Bordure Protectrice de l'été 2014. Et Tsahal pouvait afficher un bilan opérationnel impressionnant à Gaza avec des dizaines de kilomètres de tunnels terroristes détruits, des arsenaux pilonnés, des commandos de lance-roquettes et des commandants de terrain du Hamas éliminés.

Alors pourquoi ce sentiment diffus d'être passé à côté de quelque chose ? Peut-être parce que le Hamas et Israël n'ont pas fait la même guerre. Tsahal a combattu l'infrastructure terroriste à Gaza, une opération tactique avec des objectifs clairs et calibrés. Le Hamas lui, ne s'est pas battu pour Gaza, ni même pour sa population. Il s'est battu pour Jérusalem. Le Hamas est une organisation islamiste. Ce qui le motive, c'est l'instauration d'un califat sur toute la Palestine, autrement dit sur Israël, qui est pour lui une terre d'islam.

Et depuis une vingtaine d'années, l'islamisme creuse son sillon aussi dans la société arabe israélienne. C'est l'œuvre du Mouvement Islamique qui opère en Israël depuis plus de quarante ans, mais qui a réellement pris son essor depuis la fin des années 90. Son idéologie trouve un terreau de choix dans la jeunesse arabe marginalisée, auprès des classes les plus vulnérables, par le prosélytisme et l'embrigadement autour de la défense la mosquée Al Aqsa, prétendument menacée de destruction par Israël. Ce message est devenu le dénominateur commun qui a permis aux islamistes d'imposer une seule référence identitaire qui réunirait les Palestiniens et les Arabes israéliens. Et cette fois, la pénétration islamiste a été suffisamment profonde pour soulever des centaines de citoyens arabes israéliens, non seulement contre les forces de l'ordre, mais aussi contre leurs concitoyens juifs, ce qui n'avait pas été le cas durant les émeutes d'octobre 2000.

Les éruptions de haine et de violence antijuive qui ont embrasé des villes mixtes comme Lod  ou Jaffa sont au moins aussi graves et dangereuses que les milliers de roquettes tirées depuis Gaza contre Ashkelon ou Tel Aviv. Et il ne faut pas s'y tromper, ce sont bien les deux armes que le Hamas a employées dans cette confrontation. C'est aussi le résultat d'années de défaillance de l'Etat d'Israël qui a laissé se développer l'islamisme parce qu'il garantissait un certain calme social dans le secteur arabe. Tsahal a bien été le Gardien des Murailles, mais son opération était tournée vers l'extérieur. Le Hamas, lui a ouvert un troisième front à l'intérieur d'Israël. Il ne mène plus seulement sa guerre avec des roquettes ou avec le terrorisme. Il y a ajouté l'islamisme. Il a même donné un nom à son opération : le Sabre de Jérusalem. Pour défaire le Hamas, Israël ne doit pas seulement détruire ses arsenaux de roquettes, il doit aussi détruire son arsenal de haine islamiste.   

Pascale Zonszain

pzoom240521

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