Comme si rien ne s'était passé, les tractations politiques ont retrouvé leur place après 11 jours de confrontation avec le Hamas et sans que rien n'ait vraiment changé. Yaïr Lapid détient encore pour huit jours le mandat de former le nouveau gouvernement, et peine toujours à réunir une coalition majoritaire. Benyamin Netanyahou est toujours à la tête du gouvernement de transition et à ce titre, c'est évidemment lui qui a conduit la campagne contre l'organisation terroriste de Gaza. Et là non plus, cela n'a pas changé grand-chose pour l'opinion israélienne. Le premier sondage publié dimanche, soit deux jours après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, donnait une photo à peu près stable de l'opinion. Les forces du Likoud, sous la direction de Netanyahou conservent leurs 30 sièges dans les intentions de vote. Face à lui, Yesh Atid, le parti de Yaïr Lapid gagne 4 mandats et passe à 21 sièges. Le parti Bleu Blanc de Benny Gantz gagne un mandat de plus. Quant au parti Yamina de Naftali Bennett, il en perd deux et tombe à 5 sièges. Le parti islamiste Ra'am conserve ses 4 mandats. Et le rapport de forces entre les deux blocs ne dégage toujours pas de majorité. Et dans le scénario d'une élection directe du Premier ministre, 40% des personnes interrogées se sont prononcées pour Benyamin Netanyahou et 35% pour Yaïr Lapid, mais avec un quart de sans opinion.
Cette paralysie dans l'opinion reflète celle de la classe politique. Yaïr Lapid a reconnu lundi que ses chances de former un gouvernement avant le 2 juin restaient faibles, mais qu'il irait jusqu'au bout. Gideon Saar, le leader du parti de droite Nouvel Espoir répète qu'il ne siègera pas dans un gouvernement dirigé par Netanyahou. Quant à Naftali Bennett, il se mure dans le silence depuis qu'il a annoncé la semaine dernière, qu'il renonçait à faire alliance avec le bloc du changement.
Le climat politique se ressent aussi des deux semaines de violence que vient de traverser le pays. Et c'est encore une fois un sentiment d'inachevé qui domine. Toujours selon le sondage publié par la chaine 12, 47% des Israéliens sont opposés au cessez-le-feu avec le Hamas, tandis que 35% le soutiennent. Et les Israéliens sont 50% à estimer que le conflit s'est terminé par un match nul entre Israël et le Hamas. Quant aux chances de durée de la trêve, elles ne reflètent pas non plus l'optimisme. Seulement 9% des personnes interrogées pensent que le calme pourra durer plus de trois ans. Près d'un quart des Israéliens pensent que la trêve ne tiendra pas plus de six mois et la même proportion se refuse à tout pronostic.
Dans ce contexte morose, l'évolution politique parait donc de plus en plus incertaine. Au point que le public voit avec un certain fatalisme se profiler une nouvelle élection d'ici l'automne. Ni la situation sécuritaire, ni avant elle la crise sanitaire, ne sont parvenues à sortir Israël de l'impasse qui l'a déjà entrainé quatre fois aux urnes en l'espace de deux ans. Et si le 2 juin, le mandat repasse aux mains de la Knesset, ce sera probablement pour fixer la date du prochain scrutin.
Pascale Zonszain
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