Ce mercredi matin à 7h08 dans le Morning de Radio J, Guy Konopnicki est revenu sur la situation au Nigéria, toujours sous la menace des islamistes de Boko Haram.
Comme dans une chanson de Boris Vian, "mon oncle un fameux bricoleur, faisait en amateur des bombes atomiques" … la puissance d’une bombe n’a guère d’importance, ce qui compte c’est l’endroit où ce qu’elle tombe… Des bombes, il en pleut depuis plus de douze ans sur un grand pays d’Afrique, le Nigéria. La guerre qui oppose l’organisation islamiste Boko Haram aux forces gouvernementales se double d’un conflit entre Boko Haram et la branche africaine de l’Etat Islamiste.
Le bilan arrêté au 31 décembre 2020 est de 34 600 civils tués. Ce compte ne comprend que les personnes tuées par les armes, et non par les conséquences de la guerre, qui prive des régions entières d’eau potable, de nourriture et de soins, favorisant la propagation des épidémies.
Après une longue enquête, la Cour Pénale Internationale a estimé qu’il y a lieu d’ouvrir une instruction pour les crimes de guerre de Boko Haram, qui mène une guerre d’extermination en massacrant systématiquement les femmes et les fillettes. Faute de pouvoir dépêcher des magistrats sur le terrain, l’instruction peut rester ouverte, comme une porte donnant sur le vide. Les morts de la guerre du Nigéria sont aussi tombés dans l’oreille des sourds. Ce n’était pas le bon endroit pour se faire tuer.
Il y a, aussi, au Nigéria, deux millions de réfugiés, qui ne pèsent guère plus que les morts, tout le monde ne peut pas être réfugié héréditaire depuis 1948. Pour être une victime présentable, il faut souffrir au bon endroit et au bon moment. Il y a en France des associations qui combattent valeureusement pour dénoncer l’esclavage, aboli depuis 173 ans. Les tragédies des Africains d’aujourd’hui n’émeuvent même pas les organisations qui revendiquent l’identité indigène.
Et puis, à quoi bon compter les morts quand ils sont si nombreux, ceux du Nigéria et du Mali… On arriverait à des chiffres proprement astronomiques, en additionnant toutes les victimes des guerres provoquées par le terrorisme islamiste, en Afrique, au Maghreb, au Proche-Orient et en Asie. Des tueries de l’Algérie des années 90, aux massacres du Nigéria, du Mali, de Syrie, d’Irak, du Yemen, d’Afghanistan… J’en oublie, je n’y arrive pas, il y en tant… Mais… Quelle importance… Ce qui compte, décidément, c’est l’endroit où ce qu’ils tombent…
La règle de Pierre Lazareff est dépassée. Ce grand journaliste calibrait le titre de France-Soir, sur la base d’une équation mort / kilomètres, sachant qu’un mort à Paris provoquait plus d’émotion que 100 000 en Inde. C’est fini. Les morts de l’Inde n’intéressent toujours pas les foules, mais les dizaines de milliers de victimes des Groupes islamistes d’Algérie sont bien moins intéressants qu’un seul mort à Gaza.
Depuis que le feu a cessé entre le Hamas et Israël, les chiffres sont commentés comme s’il s’agissait des résultats d’un match de foot, à ceci près que le vainqueur est celui qui a encaissé le plus de pertes.
250 morts à Gaza, 12 en Israël, le Hamas a donc gagné… Israël étant trop bien défendu par le dôme de fer et par les équipements qui permettent à la population de s’abriter pendant les alertes, son bilan victimaire frise le ridicule. 12 morts pour 4 000 roquettes dirigées sur des objectifs civils, il n’y a pas de quoi pavoiser. Avec 250 morts, le Hamas a célébré sa victoire par un défilé militaire dans les rues de Gaza. On a gagné, on a vingt fois plus de morts, et ils sont où, et ils sont où, les Israéliens ? Les juifs sont nuls ! Ils ne savent pas jouer au Kriegspiel moderne.
Pour gagner il faut exposer ses propres enfants aux bombes de l’ennemi. C’est pourtant simple. Cela commence dans les écoles, où l’on apprend le métier de martyr dès l’âge de 4 ans. C’est un métier, martyr, qui nécessite une formation, financée par l’aide humanitaire, versée par l’Union Européenne.
Chaque enfant tué à Gaza, c’est un but marqué contre Israël. Le Hamas s’efforce donc d’en placer un maximum sur la trajectoire des bombes. On ne saura pas si Tsahal a réussi à détruire les armements et la logistique militaire du Hamas. Du moment qu’il lui reste assez d’armes pour parader dans les rues, le Hamas peut fêter sa victoire, au score de 250 morts contre 12 ! La mort propagande a encore gagné la guerre.
Guy Konopnicky
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