C'est le ministre israélien des Affaires étrangères Gaby Ashkenazi qui devrait se rendre au Caire lundi, pour négocier les conditions d'une trêve à long terme, que l'Egypte souhaite mettre en place entre Israël et le Hamas, et en intégrant l'Autorité Palestinienne dans le processus. Les conditions posées par Israël sont que ces tractations se feront uniquement sous la médiation de l'Egypte, qui sera son seul interlocuteur, et sans aucun contact direct avec les délégués palestiniens. Le cessez-le-feu qui est entré en vigueur le 21 mai, a été conclu sans condition préalable. C'est donc dans cette deuxième phase, qu'il va falloir déterminer les modalités de stabilisation, sachant qu'Israël a deux objectifs : assurer la plus longue période de calme possible, et récupérer les deux civils israéliens et les dépouilles des deux soldats de Tsahal, que le Hamas détient depuis 2014. L'organisation islamiste exige en contrepartie la libération par Israël de plus d'un millier de terroristes palestiniens, une condition inacceptable en l'état. Mais dans le même temps, les dirigeants israéliens savent que leur opinion publique ne leur pardonnerait pas un échec sur cet enjeu ultrasensible.
L'autre enjeu est celui de la reconstruction des infrastructures civiles de la Bande de Gaza détruites durant l'opération de Tsahal et l'amélioration des conditions de vie de la population de l'enclave palestinienne. Ce qui pose pour Israël un problème majeur, c'est le risque que l'aide financière internationale soit détournée par le Hamas à des fins militaires, tout comme l'entrée des matériaux de construction qui pourraient servir à la production de nouvelles roquettes. C'est l'obstacle principal que l'Egypte doit tenter de contourner, alors que les Etats-Unis comptent sur le gouvernement du Caire pour faire avancer un compromis.
D'ailleurs Israël n'est pas le seul acteur à s'inquiéter du problème. Parmi les Etats disposés à financer la reconstruction de Gaza, les Emirats Arabes Unis, qui ont eux aussi déjà posé leurs conditions : d'accord pour la fourniture d'une aide humanitaire directe, mais pas de financement institutionnel qui finirait dans les caisses du Hamas. D'où l'initiative américaine d'inclure l'Autorité Palestinienne dans ces pourparlers, où elle pourrait être dépositaire de l'aide internationale, qu'elle se chargerait de reverser à la Bande de Gaza. Sauf que le régime de Mahmoud Abbas a été évincé de Gaza par le Hamas il y a quatorze ans, et que son rôle n'y est plus que symbolique. Mais cela permettrait au moins au chef de l'Autorité Palestinienne de remettre le pied à l'étrier, alors qu'il avait rompu tout contact avec Washington durant le mandat de Donald Trump.
Ces pourparlers en vue de la consolidation de la trêve sont donc importants à plusieurs niveaux. Pour la population israélienne qui attend des assurances sur un retour au calme durable. Pour les habitants de Gaza, qui ont un besoin vital d'une amélioration de leurs conditions. Pour Mahmud Abbas, qui espère sortir de son isolement politique et diplomatique. Pour l'Egypte, qui tient à prouver aux Etats-Unis qu'elle est un allié précieux. Pour Israël qui a également besoin de conserver le soutien de son allié américain, ce qui devra forcément passer par une reprise des négociations avec l'Autorité Palestinienne. Quant au Hamas, il sait déjà que son pouvoir à Gaza n'est pas menacé. Et que tout ce qu'il pourra obtenir de plus sera de toute façon un bénéfice net.
Pascale Zonszain
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