Trois brèches dans la barrière de sécurité sur la frontière du Liban, c'est ce qu'ont découvert vendredi les soldats de Tsahal entre Har Dov et Metula. A chaque fois, un trou percé dans le grillage, assez large pour le passage d'un homme. Mais rien d'autre qui puisse laisser craindre une incursion terroriste. C'est d'ailleurs ce qu'ont confirmé les forces de sécurité israéliennes après un ratissage minutieux des environs.
L'incident était donc, non pas une tentative d'attaque avortée, mais un message que le Hezbollah a adressé à Israël. En effet, deux jours plus tôt, un véhicule du Hezbollah qui circulait le long de la frontière syro-libanaise avait été visé par un tir de missile. Cet incident lui aussi était plutôt hors norme. Des images de vidéosurveillance, diffusées peu après par le Hezbollah, montrent les passagers sortir précipitamment de la voiture, avant d'y revenir pour en sortir le matériel qui se trouvait dans le coffre. Et ce n'est qu'une fois qu'ils s'en étaient éloignés, que le missile tiré par un drone a entièrement détruit le véhicule. Difficile de croire à un raid manqué, mais plutôt à un avertissement.
Si Israël n'a pas revendiqué cette action, la signature ne fait pas de doute. C'était apparemment une manière de rappeler à la milice chiite libanaise pro-iranienne, que Tsahal continue à surveiller ses mouvements et que rien ne lui échappe. C'est donc sur le même registre que le Hezbollah a répliqué avec ces trois percées dans la barrière frontalière d'Israël. Il y a pourtant un élément nouveau dans cette passe d'armes à fleurets mouchetés : c'est la première fois que l'organisation terroriste libanaise riposte, depuis le Liban, à une action menée par Tsahal contre ses hommes, en Syrie.
De plus, cela faisait longtemps que le Hezbollah ne se risquait plus à attaquer Israël directement depuis le Liban, même si là encore, on ne peut pas véritablement parler d'attaque. Mais cela confirme en tout cas que la menace stratégique sur le front nord ne se dissipe pas et que Tsahal reste actif, en dépit de la crise sanitaire. Cette menace est toujours à trois composantes : l'implantation iranienne en Syrie, la présence du Hezbollah au Liban et sur le Golan syrien, et le projet d'armement de précision dont l'Iran veut doter l'arsenal de la milice chiite libanaise.
Dans le cadre de sa "campagne entre les guerres", la doctrine développée depuis quelques années pour enrayer la montée en puissance de l'Iran sur le front nord, Tsahal a effectué des centaines d'actions, certaines revendiquées, mais le plus souvent sans signature. Il est vrai pourtant que ces derniers mois, le rythme des actions iraniennes a ralenti, entrainant du même coup, un recul des opérations israéliennes. D'une part, l'Iran est très durement touché par l'épidémie de coronavirus, mais surtout l'élimination par les Américains de Qassem Suleimani, le chef de sa force al Quds, responsable des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution fin décembre, ont indéniablement eu un impact.
Mais si l'on peut parler de ralentissement, il ne s'agit en aucun cas d'un arrêt. L'Iran poursuit son plan et continue à renforcer le Hezbollah. C'est pourquoi la défense israélienne ne relâche pas sa vigilance.
Pascale Zonszain
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