Sauf match nul qui obligerait à un nouveau vote dans un délai d'un mois, le nom du 11ème président de l'Etat d'Israël sera connu dès la mi-journée. Ce sont les députés de la Knesset qui votent à bulletin secret pour départager les candidats.
Même si le chef de l'Etat n'a que peu de pouvoirs en Israël, qui est un régime parlementaire, le poste de président attise généralement les appétits politiques et donne lieu à des campagnes houleuses. Pourtant, cette année, la campagne présidentielle est passée presque inaperçue et est restée à peu près exempte de déclarations ou de révélations scandaleuses. Il faut dire que pour la première fois, les deux candidats en lice n'étaient ni des politiques, ni adoubés par un parti politique. Si Itzhak Herzog a bien été chef du parti Travailliste et qu'il a siégé au gouvernement, il s'est retiré de la politique, depuis qu'il a été élu à la présidence de l'Agence Juive en 2018. Quant à Myriam Peretz, elle est issue du monde de l'éducation et est une ancienne directrice d'école. C'est son drame personnel, la perte de deux de ses fils au combat en 1998 puis en 2010, qui l'a propulsée sur la scène publique, quand elle a décidé de se consacrer à promouvoir le sionisme auprès de la jeunesse israélienne.
Le président de l'Etat est élu pour une durée de sept ans et dispose de deux compétences principales : celle d'accorder des grâces et des amnisties et celle de désigner le candidat chargé de former le gouvernement après une élection législative. Et on a pu voir depuis deux ans, combien cette attribution pouvait lui donner un rôle central pour tenter d'éviter la paralysie institutionnelle. Chaque président se retrouve dans cette situation une à deux fois au cours de son mandat. Le président sortant Reuven Rivlin aura dû se plier à l'exercice quatre fois de suite.
Chaque président apporte aussi sa marque personnelle à la fonction. Pour Shimon Peres, dont cela avait été la dernière fonction publique jusqu'en 2014, cela avait été l'occasion de mettre à profit sa longue expérience politique et ses relations avec les chefs d'Etat et de gouvernement du monde entier, pour devenir une sorte de super-ambassadeur d'Israël, sillonner la planète pour des visites d'Etat ou organiser de prestigieuses conférences internationales à Jérusalem. L'antithèse de Reuven Rivlin, qui lui a succédé il y a sept ans. Pour l'ancien député Likoud, parlementaire chevronné qui avait été deux fois président de la Knesset, il s'agissait plus de se positionner en autorité morale intérieure et de prendre le pouls de la société israélienne. Et parfois aussi de souligner ses problèmes et ses divisions, même quand ses discours pouvaient faire grincer des dents, et en particulier celles de Benyamin Netanyahou, son éternel rival du parti conservateur.
La mission du onzième chef de l'Etat d'Israël sera aussi réparer les fractures et de renforcer le ciment de la société israélienne, éprouvée par la longue crise politique, l'épidémie de Covid et les divisions internes de ces derniers mois. En Israël, on est attaché aux symboles, et la présidence de l'Etat fait partie de ceux auxquels on tient.
Pascale Zonszain
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