Mardi matin sur Radio J, l’historien Marc Knobel était l’invité du Morning d’Ilana Ferhadian, à 7h45. Il est revenu sur son dernier ouvrage, Cyberhaine : propagande et antisémitisme sur Internet, publié aux éditions Hermann et dans lequel il décrypte les nouveaux outils de la haine et les racines de l’antisémitisme contemporain entre le milieu des années 1 990 et la fin des années 2 000 avec des figures comme Dieudonné, Alain Soral ou encore Robert Faurisson.
"Le livre est une mise en perspective historique. Ce que j’ai essayé de faire ici c’est d’observer un certain nombre d’individus et les mouvances qui sont autour d’eux. […] L’antisémitisme n’est pas monolithique sur Internet. Il se développe. Il y a une mouvance qui provient de l’extrême gauche anticapitaliste ; une mouvance qui provient de la nébuleuse islamiste […] et une mouvance qui provient de l’extrême droite plurielle. […] Toutes ces mouvances se reconnaissent sur Internet et quelquefois peuvent être en lien entre elles au travers d’individus que j’examine dans cet ouvrage", détaille Marc Knobel.
L’historien évoque aussi un ennemi commun à tous les courants extrémistes : le sionisme mondial fantasmé. "Le sionisme est toujours fantasmé en réalité parce que les gens ne savent pas réellement ce qu’est le sionisme et que le sionisme est un mouvement de libération nationale du peuple juif. Donc, il y a autour du sionisme énormément de fantasmes. Et, comme sur Internet la sauce prend lorsqu’il y a un conflit, lorsqu’on parle même sans conflit d’Israël et donc a fortiori du sionisme, la haine se développe extrêmement rapidement."
"La haine en 280 caractères", écrit de surcroît Marc Knobel au sujet de Twitter. "Ce qu’il faut bien comprendre quand vous utilisez Twitter, c’est l’extrême rapidité de la plateforme qui est faite pour drainer toute sorte de réaction et quelquefois la violence est extrêmement présente. En plus, vous êtes totalement anonymisé. […] C’est le laisser-aller, c’est le règne du laisser-aller et du ˝il est interdit d'interdire."
"La pseudonymisation et l’anonymisation sur Internet, c’est une tragédie. En fait, on a créé des monstres. Ces plateformes ont créé des monstres qu’elles ne contrôlent pas. Elles laissent faire les choses. […] Les gens se croient tout permis." Finalement, si l’on veut lutter contre cette cyberhaine, "il faut, me semble-t-il, réfléchir déjà à une législation commune européenne pour essayer de mieux penser ces problématiques. Il faut renforcer, créer là où c’est possible, des instances de régulation. Il faut, me semble-t-il également, un plan national d’action sur l’éducation et la citoyenneté numériques parce qu’il faut apprendre aux enfants à se servir de l’outil et à se défier de l’outil. […] Il faut également améliorer le dispositif de plainte en ligne puisque les gens ne savent pas qu’ils peuvent porter plainte en ligne. […] Il faut renforcer les moyens du nouveau pôle national de lutte contre la haine en ligne."
Cécile Breton
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