On se souvient le 10 mai dernier de la journée qui a déclenché onze jours de confrontation avec le Hamas. Tout avait commencé à Jérusalem. Cela faisait déjà deux semaines que la capitale était le théâtre d'incidents sur fond de mois de Ramadan. Des accrochages entre résidents arabes et forces de l'ordre aux abords de la Porte de Damas et dans le quartier de Sheikh Jarrah, des échauffourées entre Juifs et Arabes, des émeutes qui avaient débordé sur les autres villes israéliennes à population mixte. Et aussi du Hamas qui tout au long de la crise, avait attisé les braises pour s'imposer comme un facteur de déstabilisation à Jérusalem.
C'est dans ce contexte que la journée de Jérusalem, qui marque l'anniversaire de la guerre des Six Jours et de la conquête de la partie orientale de la ville, avait été perturbée par l'ultimatum du Hamas. Pendant que les jeunes des mouvements sionistes religieux commençaient à défiler dans la capitale en direction de la vieille ville, peu après 18 heures, les sirènes retentissaient pour alerter sur des tirs de roquettes de Gaza en direction de Jérusalem. La Marche des Drapeaux avait pourtant repris, sans passer par le quartier arabe, pour se terminer sur le parvis du Kotel, tandis que quelques mètres plus haut, sur l'esplanade du Mt du Temple, des manifestants arabes se heurtaient aux forces de police.
On connait la suite. L'opération Gardien des Murailles menée par Tsahal n'a pas permis de neutraliser la puissance de feu du Hamas et des autres organisations terroristes de Gaza. Les pressions des Etats-Unis ont largement contraint Israël à écourter son action militaire. La trêve conclue le 21 mai par l'entremise de l'Egypte reste fragile et l'organisation islamiste de Gaza continue à menacer Israël et à dicter ses conditions sur Jérusalem. Ce qu'elle a encore fait en début de semaine, pour laisser entendre que les tirs de roquettes pourraient reprendre contre la capitale, si la nouvelle Marche des Drapeaux était maintenue.
Dans ce contexte, chacun considère l'événement selon son point de vue. La police de Jérusalem, dont le rôle est de veiller à l'ordre public, a estimé que la situation dans la capitale restait encore trop sensible pour autoriser le défilé sur son itinéraire habituel, c'est-à-dire à travers le quartier arabe de la vieille ville. Pour les organisateurs, c'est une question de valeurs et de sens. Il faut que les jeunes comprennent la signification nationale et religieuse de la réunification de Jérusalem. Et pour le pouvoir politique, il faut prendre en compte tous les éléments précédents, y ajouter l'affirmation de la souveraineté de l'Etat sans oublier d'évaluer les conséquences. Et il ne faut pas se leurrer, ce qui se passe à Jérusalem, dépasse de loin les limites géographiques et politiques de la ville.
C'est pourquoi il aurait été préférable de laisser la décision à la police locale, qui avait suffisamment d'arguments pour en modifier le parcours, sans déclencher une crise internationale. La Marche des Drapeaux, contrairement aux cérémonies de commémoration de la guerre des Six Jours, n'est pas un événement officiel organisé par l'Etat. L'implication du cabinet de sécurité est donc inopportune, car elle aura des suites. Et d'abord, elle donne à la Marche un caractère politique et reconnait implicitement qu'elle peut être soumise à des influences extérieures, que ce soit celle du Hamas ou des Etats-Unis. Et ce n'était certainement pas le but recherché, quand il s'agissait de fêter la souveraineté retrouvée d'Israël sur Jérusalem.
Pascale Zonszain
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