Meir Masri, docteur en géopolitique et maître de conférences à l’Université hébraïque de Jérusalem, était l’invité dans le Morning d’Ilana Ferhadian ce lundi matin sur Radio J, à 7h47. En direct d’Israël, il est revenu sur le résultat de la présidentielle iranienne.
Surnommé le "boucher de Téhéran", l’élection d’Ebrahim Raïssi à la présidentielle iranienne devrait provoquer une forte inquiétude. Cela est en tout cas ce qu’un porte-parole du ministère israélien des affaires étrangères a affirmé ce week-end en accusant le nouveau président d’être engagé en faveur du programme nucléaire militaire. Ebrahim Raïssi partage cette inquiétude, "parce qu’il faut savoir qu’il a été à la tête d’un appareil de sécurité qui a commis des exactions même selon les critères iraniens. Je pense que, oui, il fait partie effectivement des personnalités les plus extrémistes du régime actuel. […] Ça a un impact surtout sur la politique intérieure iranienne".
Ces élections sont également l’occasion de trouver un successeur à Ali Khamenei, "parce que la tradition […] voudrait que le guide suprême ait été par le passé président de la République. On considère qu’Ali Khamenei, qui a plus de 80 ans, est en âge de céder sa place et, par conséquent, Raïssi étant proche de lui, beaucoup pensent, même si ça n’a rien d’officiel, qu’Ibrahim Raïssi pourrait succéder à Ali Khamenei au poste de guide suprême".
Il faut aussi savoir que les Iraniens vivent dans une situation particulièrement complexe. Tous les regards sont de surcroît tournés vers l’accord du nucléaire iranien. À la question de savoir s’il va y avoir de nouvelles négociations avec ce nouveau président et les États-Unis, ou bien une rupture, Meir Masri répond : "Raïssi a un peu durci le ton par rapport à ce qui avait été dit par son prédécesseur. Mais, encore une fois, c’est un début de négociation. Il considère que les États-Unis devraient revenir à l’accord de 2015 avant toute négociation et de levée des sanctions, tandis que les Américains voudraient négocier un nouvel accord. […] On voudrait que la communauté internationale signe avec l’Iran un accord sérieux, un accord solide qui garantit la sécurité de l’ensemble des États du Moyen-Orient."
En outre, Israël pourra compter sur le soutien de nouveaux alliés, tels que les Emirats arabes unis ou encore l'Arabie saoudite. "Les inquiétudes d’Israël sont partagées pour nombre d’Etats. […] L’enjeu est régional. Israël n’est pas du tout le seul pays, n’est pas le dernier mais n’est pas non plus le premier pays à souffrir des ingérences iraniennes dans la région et de l’appuie qu’apporte la République islamique d’Iran à des organisations et des milices qui pratiquent le terrorisme."
Finalement, au cœur de cette situation, l’Egypte occupe une certaine place. De plus, "il y a trois objectifs qui sont partagés aussi bien par Israël et l’Egypte. L’Egypte joue bien entendu un rôle clé dans cette affaire pour un tas de raisons, ne serait-ce que pour des raisons géographiques, puisque l’Egypte partage des frontières avec la Bande de Gaza, l’Egypte a également participé à l’instauration du blocus et l’Egypte considère que la branche armée du Hamas est une organisation terroriste. […] L’objectif israélo-égyptien, parce qu’il est commun, a trois choses en réalité. Premièrement, vouloir fixer le cesser le feu, s’assurer qu’Israël ne sera pas à la merci d’une nouvelle requête, que le Hamas ne va pas lancer, lorsqu’il le souhaitera, des requêtes contre Israël. […] Deuxième élément, qui cherche à ce que les aides qui parviendront à la bande de Gaza soient acheminées en fonction de nouveaux mécanismes créatifs qui empêchent que ces moyens servent au Hamas et que ça arrive au travers des nations unis de l’autorité palestinienne. Et, enfin, troisième objectif, et c’est un objectif très important. C’est de donner une place plus importante à l’autorité palestinienne qui a été expulsée […] et, c’est un intérêt à la fois palestinien, israélien et égyptien."
Cela est d’ailleurs le reflet d’une légère différence dans l’attitude de l’actuel gouvernement israélien par rapport au gouvernement de Benyamin Netanyahou. "Il y a là une volonté de donner ce rôle à l’autorité palestinienne. On considère que c’est l’autorité palestinienne qui devrait être l’interlocuteur favori dans toute tractation, même avec la bande de Gaza".
Cécile Breton
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