Immigration palestinienne, la loi qui fâche

Israël.

Immigration palestinienne, la loi qui fâche
(Crédit DR)

C'est un seul article de loi qui est en train de mettre en péril la toute nouvelle coalition israélienne : "Le ministre de l'Intérieur n'accordera pas la citoyenneté israélienne ou à un résident de la région ni autorisation de séjourner sur le territoire en vertu de la loi sur l'entrée en Israël". Chaque année, depuis 17 ans ce texte est reconduit sans polémique particulière.

Tout a commencé dix ans après les accords d'Oslo, quand on s'est rendu compte que de 1993 à 2003,  entre 130 et 140.000 Palestiniens s'étaient établis en Israël, en tant que citoyens ou en tant que résidents en bénéficiant de la loi sur la citoyenneté et de la loi sur l'entrée en Israël. C’est-à-dire qu'ils ont pu s'établir en Israël par mariage ou par filiation. La question démographique commence alors à se poser, car si la tendance se poursuit, Israël peut s'attendre à une migration croissante des territoires palestiniens vers Israël. Mais on est au début des années 2000 et il y a une autre urgence : la lutte contre la vague de terrorisme la plus meurtrière qu'ait connue le pays. C'est la deuxième intifada. Et là, il est clair qu'il faut bloquer par tous les moyens possibles l'accès d'Israël aux terroristes, y compris ceux qui tenteraient d'entrer en Israël par des voies légales.

Et la mesure a fonctionné, puisque depuis 2003, on a enregistré à peine un peu plus de 15.000 demandes de regroupement familial, dont très peu obtiennent l'aval du ministère de l'Intérieur. Seulement, ce qui était vital en 2003, ne l'est heureusement plus autant en 2021. L'interdiction du regroupement familial sur des arguments sécuritaires est moins évidente, quand le pays n'est pas menacé plusieurs fois par jour par des terroristes suicide. Alors, tant que l'intifada sévissait puis tant que la droite a continué à gouverner, le renouvellement de l'interdiction se faisait quasi automatiquement.

Mais on a donc changé de configuration politique avec une coalition qui comporte des partis de droite, mais aussi d'extrême-gauche, et évidemment un parti arabe. Dans ces conditions, il est clair qu'un texte qui interdit le regroupement de familles arabes israéliennes et palestiniennes, ne sera jamais soutenu par des députés arabes, qu'ils appartiennent à un parti arabe comme le Ra'am, ou qu'ils soient élus du Meretz, comme Issawi Frej. Et des députés juifs de gauche ne cachent pas non plus leur gêne vis-à-vis d'un texte où ils voient une motivation plus idéologique que sécuritaire.

Se pose alors la question du caractère de l'Etat : si Israël est avant tout l'Etat nation du peuple juif, il ne peut pas ouvrir ses frontières à la population palestinienne de Judée Samarie ou même de la Bande de Gaza, sans envisager la possibilité qu'elle modifie à terme le rapport démographique. Aujourd'hui, les citoyens arabes israéliens représentent un peu plus de 20% de la population israélienne, et leur natalité globale est légèrement inférieure à celle de l'ensemble de la population juive. Mais si l'on autorise la migration intérieure avec des Palestiniens qui peuvent obtenir la citoyenneté israélienne par mariage ou filiation, cela peut modifier la donne.  Une question qui se poserait aussi en cas d'annexion de la Judée Samarie, mais c'est un autre débat. Ce ne sont évidemment pas des mariages isolés qui seraient un problème, mais si le phénomène devait se généraliser à des fins idéologiques côté palestinien.

Pascale Zonszain

pzoom220621

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