Sammy Ghozlan sur Radio J "Les agresseurs s’attaquent aux Juifs parce qu’ils sont juifs"

Sammy Ghozlan, président du BNVCA, était l’invité d’Ilana Ferhadian ce mardi matin sur Radio J, à 7h47 dans le Morning. Il est revenu sur le procès des agresseurs du couple Pinto en 2017. Le BNVCA s’est porté partie civile dans l’affaire. 

Ils sont accusés d’avoir violenté, volé et séquestré Roger et Mireille Pinto, en Seine-Saint-Denis en 2017, Mireille et Roger Pinto, membres de la communauté juive, en Seine-Saint-Denis. Neuf personnes comparaissent devant les assises de Bobigny pour ce crime qui avait suscité de vives émotions. Sammy Ghozlan nous explique que "Roger ne voulait pas en parler. Mais, il fallait qu’il en parle parce que c’était une agression à caractère antisémite caractérisée. Je me souviens que c’était le 8 septembre 2017. Il m’avait appelé pour me dire qu’il venait d’être agressé. Et l’agression s’est passée de la façon suivante : ce sont trois individus qui ont pénétré par effraction dans la villa cossue de Roger et qui ont frappé d’abord Mireille, la femme de Roger, puis agressé Roger. Ils l’ont frappé, ils l’ont battu, ils l’ont mis à terre. Coups de pieds, coups de marteau sur la tête, tournevis, etc. Ils ont frappé également le fils de Roger. […] Ils les ont carrément cambriolés. Ils leur ont exigé les cartes de crédit. Ils pensaient qu’ils avaient un coffre à l’intérieur. Or, ils n’en avaient pas. Ce qu’ils ont dit était clair : 'nous sommes un peu les Robins des bois. Nous sommes venus chez vous parce que vous êtes Juifs et que vous avez de l’argent'".

Une fois informé de cette terrible agression, le président du BNVCA a "aussitôt prévenu le préfet. J’ai prévenu les médias qui se sont déplacés, qui ont entendu Roger et Roger a tout expliqué. Il a raconté le calvaire que sa femme, son fils et lui ont subi. Il faut savoir que c’était quand même prémédité".

Les agresseurs savaient que Roger Pinto était juif et qu’il avait de l’argent. En effet, "il faut savoir que, déjà un an avant, [un des agresseurs] avait remarqué dans un centre commercial Mireille Pinto qui portait à sa main des bijoux, des bagues et des bracelets et il s’est dit qu’un jour il faudrait qu’il les prenne. Il l’a suivi pendant une année. Après, ils ont organisé leur coup avec trois autres individus et ils ont pénétré par effraction." Il faut aussi savoir que Roger est connu. Il est le président de l’association Siona et "reçoit régulièrement les personnalités de la communauté juive. […] Roger Pinto est juif. Tout le monde le sait, tout le monde le sait dans le quartier".

Jusqu’à présent, seul un des agresseurs a reconnu en partie les faits. Il affirme toutefois qu’il ignorait la confession des victimes, affirmation confirmée par Margot Pugliese, l’avocate du commanditaire. À la question de savoir comment prouver que ce vol et ces violences étaient à caractère antisémite, Sammy Ghozlan répond : "Ils l’ont déclaré : ils sont venus parce qu’ils considèrent qu’ils sont […] des Robins des bois qui venaient prendre aux Juifs ce que les Juifs avaient pour les donner aux autres. […] À la maison il y a des objets religieux, il y a des drapeaux d’Israël. Donc ils ne pouvaient pas contester le caractère antisémite".

Encore traumatisée aujourd’hui, la famille Pinto attend "des condamnations très fortes. […] Les peines devront être sévères, exemplaires et dissuasives parce que ces individus ont préparé leur coup. […] Ils auraient pu les tuer comme Sarah Halimi a été tuée, comme a été tuée Mireille Knoll […] Aujourd’hui, les agressions contre les Juifs se font au plus près de leur domicile, sinon dans leur domicile même". 

Sarah Halimi, Mireille Knoll… il semble ne plus y avoir de limites dans l’expression de l’antisémitisme. "Les agresseurs s’attaquent aux Juifs parce qu’ils sont juifs. Et ils s’attaquent aussi aux personnes âgées. […] Aujourd’hui, beaucoup de Juifs ont peur et nous demandent de changer d’adresse". Finalement, face à cette progression de l’antisémitisme, les autorités en "ont fait beaucoup. Nous avons des synagogues qui sont protégées, qui sont devenues des bunkers. Les personnalités qui sont en danger sont elles-mêmes surveillées, les autorités juives ont des gardes du corps. […] Mais, l’antisémitisme se développe non seulement dans la rue, non seulement au plus près du domicile des victimes juives mais aussi sur Internet. […] Cet antisémitisme se manifeste autant de l’extrême droite que de l’extrême gauche et de l’islamogauchisme".

Cécile Breton