Knesset et "apartheid"

Israël.

Knesset et "apartheid"
(Crédit: porte-parole de la Knesset)

En Israël, comme dans toutes les démocraties parlementaires, une des missions des députés est de se tenir informés en permanence de l'évolution de leur société. Quand Mossi Raz, du parti Meretz de la majorité et Aïda Tuma Sleiman de la Liste Arabe conjointe, de l'opposition, ont décidé de convoquer une conférence sur la situation dans les territoires palestiniens, ils n'ont pas fait que se documenter sur le dossier. Ils l'ont qualifié d'emblée en choisissant un titre délibérément provocateur : "54 ans après, de l'occupation à l'apartheid". 54 ans, c'est évidemment la référence au 54e anniversaire de la guerre des Six Jours de juin 1967. Sauf qu'il ne s'agissait pas d'une discussion contradictoire, mais uniquement de témoignages d'activistes ou de responsables d'ONG ouvertement opposées à la présence d'Israël dans les territoires palestiniens qu'elles considèrent comme de l'occupation.

De La Paix Maintenant à Betselem, toutes les organisations invitées ont présenté un seul point de vue. Elles ont aussi toutes déjà participé à des débats en commission de la Knesset. Il n'y a donc rien de vraiment nouveau. Si ce n'est le titre de la conférence et de surcroit dans l'enceinte du parlement israélien. On connait les arguments des organisations qui assimilent le peuplement israélien en Judée Samarie à de l'occupation et donc à une violation du droit international. Et ce au moment où le nouveau Procureur Général du Tribunal Pénal International doit encore se prononcer sur la suite à donner à l'instruction ouverte contre Israël en particulier sur ce point polémique. L'adoption de cette terminologie d'occupation et d'apartheid dans le cadre d'un débat, même informel, au parlement israélien, peut certainement apporter du grain à moudre aux tenants de cette théorie anti-israélienne.

Il est clair que l'accusation d'occupation a perdu de son poids avec les accords d'Oslo et la mise en place d'un régime politique autonome pour les territoires palestiniens, sans oublier qu'Israël s'est unilatéralement retiré de la Bande de Gaza depuis 2005. Quant à l'accusation d'apartheid, elle a déjà été démontée par des spécialistes du droit international, à commencer par un ancien juge à la Cour Suprême d'Afrique du Sud. On se souvient de Richard Goldstone, qui avait été nommé par l'Onu pour enquêter sur les supposés crimes de guerre attribués à Israël lors de l'opération Plomb Durci à Gaza fin 2008. Dans une tribune publiée par le New York Times en 2011, le juge Goldstone avait réfuté le terme d'apartheid à propos d'Israël, établissant que l'Etat juif n'avait jamais pratiqué à l'égard des Palestiniens la politique de séparation et de discrimination sur des bases raciales qu'avait pratiquée le régime blanc d'Afrique du Sud à l'égard de sa population noire.

Le fait que le débat hier à la Knesset ait été initié par une députée arabe de l'opposition et par un élu de la coalition est une preuve supplémentaire de la force de la liberté d'expression en Israël. Mais c'est aussi un indicateur de plus de la fragilité de la coalition hétéroclite, menée par Naftali Bennett et Yaïr Lapid. Les clivages idéologiques profonds entre les différentes composantes de la majorité ne se sont pas effacés. Il est seulement regrettable que les seuls députés à avoir critiqué l'utilité de ce débat, aient été les élus de l'extrême-droite.

Pascale Zonszain

pzoom230621

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