Marc Knobel, historien essayiste et auteur de "Cyberhaine, propagande et antisémitisme sur Internet" aux éditions Hermann, était l’invité de Olivier Issembert ce vendredi matin sur Radio J, à 8h50. Il est revenu sur Twitter qui recense le plus grand nombre de contenus antisémites parmi les réseaux sociaux.
C’est un triste constat. En 2020, les discours antisémites ont connu une très forte augmentation sur les réseaux sociaux. Parmi ceux-ci, c’est Twitter qui arrive en tête du palmarès. Marc Knobel explique que "Twitter est majoritairement utilisé pour diffuser propos et commentaires antisémites de 60 à 69 % dans une quinzaine de pays, notamment les États-Unis, le Canada, la France, l’Inde, l’Espagne", et ce à l’exception de l’Allemagne avec 40%.
Par ailleurs, l’historien explique que Twitter fait plus que les autres parce qu’il s’agit d’un "système. C’est une arène. […] C’est un ring de boxe. En 280 caractères, espaces compris, vous pouvez vous lâcher, vous pouvez dire ce que vous voulez, vous pouvez entrer en conflit avec qui vous voulez, dire totalement ce que vous voulez en utilisant tous les tons que vous le souhaitez et avec souvent une très grande violence sans modération". Il faut également savoir que, sur Twitter, "la modération ne fonctionne pas".
En France, en mai 2020, il y a eu une assignation contre ce réseau social. "Six associations de lutte contre l’antisémitisme ont jugé que Twitter manquait de façon ancienne à ces obligations de modération. Donc, Twitter est un système qui encourage le laisser-faire et le laisser-aller avec très peu de modération. Voilà pourquoi nous avons ce type de résultats totalement accablants."
Marc Knobel précise que, "quand des instructions sont faites, c’est parce qu’il y a une affaire de terrorisme ou des choses extrêmement graves. Twitter est obligé de répondre à la demande judiciaire et aux officiers de police judiciaire qui ont instruction de demander à Twitter des renseignements". Parmi les plateformes, Facebook a mis en place quelques améliorations, mais, cela seulement en 2018. "Ces plateformes ont manqué totalement d’éthique depuis leur création. […] Elles réagissent parce que des pressions ont lieu, des procès ont lieu et qu’une pression politique et médiatique se fait."
Finalement, "il faut, dans ce domaine, de la résistance. Il faut dire non à l’antisémitisme. Ce n’est pas se taire, ce n’est pas être indifférent, c’est ne pas se croire dans un monde de bisounours où tout va bien. C’est se battre et c’est se battre au quotidien".
Cécile Breton
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