Christophe Barbier, journaliste et éditorialiste, était l’invité de Christophe Dard ce lundi matin sur Radio J, à 7h47. Il est revenu sur le second tour des élections Régionales.
Le second tour des élections Régionales a eu lieu ce dimanche. Tous les présidents sortants ont été réélus : sept à droite et cinq à gauche. La République En Marche et le Rassemblement national n’ont quant à eux obtenu aucune région. Par ailleurs, nous avons assisté à un taux record d’abstention de 66%. Pour Christophe Barbier, "les Français ont zappé l’élection. Ils se sont dit 'on a des sortants, on va les garder. Qu’est-ce que vous nous embêtez avec un vote en ce moment alors qu’on a tant de soucis'. […] Je pense vraiment que les Français se sont dit : un, c’est pas le moment, on sort du confinement on a une économie à redresser. Deux, on y comprend à votre scrutin, votre mode de scrutin, les départementales, les régionales, ce que font les régions. Trois, c’est l’année prochaine le grand rendez-vous. C’est l’année prochaine qu’on choisira si on bascule dans une aventure populiste, si on confirme Emmanuel Macron, si on écoute une droite et une gauche qui ont montré par leur implantation qu’elles ne sont pas mortes. […] Les Français ont donné un message de mise en suspension de la vie politique française".
Les Français s’attendent donc à présent à de réels projets et à un vrai avenir pour leur pays en pleine reconstruction. "Je suis certain que l’année prochaine on aura plus de 70, peut-être plus de 75% de participation à la présidentielle."
En outre, tous les regards se sont tournés vers la région PACA. Un duel s’y est joué avec d’un côté Renaud Muselier pour Les Républicains et en face Thierry Mariani pour le Rassemblement national. Le premier a très largement gagné avec 57,3% face à 42,7% pour le second. Si le parti a échoué dans cette région, son échec est également notable au niveau national. "C’est un très gros échec. D’abord, le Front républicain existe toujours et ça marche. […] Deuxième, la stratégie d’aller vers une extrême droite plus molle parce que Mariani vient de l’UMP, […] l’idée que c’est en rassurant, en étant un peu plus un parti du gouvernement que le Front national, Rassemblement national, va gravir les dernières marches vers le pouvoir, et bien ça ne marche pas. Marine le Pen a arrondi son discours et ses positions. Elle n’en est pas récompensée. […] Il y a toujours, en France, un réflexe où l’on se dit : ce parti exprime une colère. Il n’a pas la capacité à diriger ni une grande collectivité ni la France".
Pour Christophe Barbier, Marine le Pen ne gagnera pas les élections de l’année prochaine parce qu’elle n’a pas "d’allier potentiel". Même si elle était soutenue par le micro-parti des Localistes et la droite populaire, beaucoup de celle-ci ne l’ont même pas suivie. À la question de savoir si la stratégie de mettre des jeunes à la tête des régions lui a porté préjudice, l’éditorialiste répond : "Les élections régionales, comme les départementales, ce sont des élections de compétences. On s’occupe de choses très précises (les lycées, les transports) donc on veut des gens qui touchent leurs billes et on a bien vu dans les débats qu’il y avait un problème de compétences au Rassemblement national. Ils n’ont pas été capables de recruter des gens capables de convaincre les électeurs qu’ils peuvent gouverner leur vie quotidienne".
Par ailleurs, "ces Régionales ont un peu plus brouillé le jeu. Elles l’ont troublé, elles l’ont rendu plus complexe. L’équation présidentielle est un peu plus illisible aujourd’hui que la semaine dernière".
Si le RN a échoué, la République en marche n’arrive pas "à s’implanter. Il a raté les municipales, il a raté ces deux élections. […] Il est urgent pour Emmanuel Macron de réorganiser sa majorité". Les électeurs semblent également "prêts à quitter un vote macroniste. On a vu qu’entre le premier et le deuxième tour une partie des électeurs En marche ont abandonné leur candidat".
Si Emmanuel Macron modifie son gouvernement, "ça veut dire qu’il considère que c’est lui qui a été déjugé par ses élections". Mais, "il faut des remplaçants. […] Il n’y a pas de banc de touche sur la République en marche. […] Si le problème n’est plus aujourd’hui de savoir qui peut gouverner dans les neufs mois qui viennent, il faut se pencher sur le quinquennat d’avenir. Qu’est-ce qu’Emmanuel Macron a à offrir comme vision d’avenir aux Français sachant que son projet de 2017 a été ruiné par les Gilets jaunes, par la vie mondiale, par la vie géopolitique et par la covid". La seule solution qui pourrait s’offrir à lui, ce serait alors de faire rentrer "un ou deux personnages de droite qui ont soutenu l’alliance en PACA".
Finalement, concernant la droite, "seul Xavier Bertrand a changé la nature de sa victoire". Il faut également savoir qu’il est déjà candidat. "Il a une base que les autres n’ont pas encore commencé à constituer en parlant aux Français".
Cécile Breton
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.