Elections: la victoire de la République et l’expression démocratique en ballotage, la chronique d'Arié Bensemhoun

France.

Elections: la victoire de la République et l’expression démocratique en ballotage, la chronique d'Arié Bensemhoun
(Crédit: DR)

Dans sa chronique mardi 29 juin à 7h05 dans le Morning de Radio J au micro d’Ilana Ferhadian, le directeur exécutif d’Elnet France est revenu sur le second tour des élections régionales et départementales en France.

Le deuxième tour des élections régionales et départementales a largement confirmé les enseignements du premier tour. Comme la semaine dernière, l’expression démocratique est la grande perdante de ces scrutins. Le sursaut que beaucoup de partis politiques espéraient, ne s’est pas produit, puisque près de 66% des électeurs ne se sont pas déplacés pour aller voter.

Plusieurs enquêtes se sont penchées sur les raisons de cette abstention record. Et le constat est sans appel : après plus d’un an d’une pandémie insupportable, la population avait d’autres préoccupations et ne s’est pas privée de le montrer. Le Coronavirus, véritable traumatisme, constitue la raison principale à ce manque d’engouement pour les élections.

Mais ce n’est pas tout. Beaucoup ont voulu aussi profiter de l’occasion pour manifester leur mécontentement, quand d’autres enfin ont tenu à exprimer leur désintérêt. En colère ou désabusés, certains Français pensent que leur vote est inutile et optent pour l’indifférence envers ceux qu’ils jugent incompétents et incapables de les comprendre.

Contrairement aux échéances précédentes, cette abstention massive n’a épargné aucune famille politique et n’a pas profité aux extrêmes. Malgré la faible participation, ce scrutin révèle une image assez réaliste des rapports de force politiques.

Accordant sa confiance à ceux qui ont déjà fait leurs preuves, l’électorat a donc donné une prime aux sortants :

En Occitanie, Carole Delga triomphe avec près de 58% des voix sans compromettre ses valeurs de gauche modérée et républicaine.

Dans les Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui avait conditionné sa candidature à l’élection présidentielle à sa réélection à la région, la conserve avec plus de 52% des suffrages.

Même tendance en Auvergne Rhône-Alpes pour Laurent Wauquiez qui obtient plus de 55% des voix, et pour Valérie Pécresse en Ile-de-France avec près de 46%. Elle parvient à battre largement l’ « union des gauches » extrêmes, racialistes et islamo-gauchistes. L’alliance apocalyptique de Clémentine Autain, Audrey Pulvar et Julien Bayou, ne mobilise pas plus que l’électorat déjà acquis à sa cause puisqu’elle obtient 33%, soit à peine l’addition laborieuse des trois scores du premier tour.

Des victoires de la droite d’autant plus impressionnantes que pour l’une d’entre elle, les résultats du premier tour étaient serrés. Au coude-à-coude avec Thierry Mariani dimanche dernier dans la région Sud, Renaud Muselier évince le Rassemblement National, pourtant donné favori,(RN) grâce aux suffrages de plus de 57% des votants.

Bien que le Front républicain n’est désormais plus la règle si l’on en croit les nombreuses triangulaires, quadrangulaires voire quinquangulaires de ce scrutin, il est brièvement réapparu en région PACA, seul duel de ces élections et a bien fonctionné, grâce au retrait de la liste de gauche après le premier tour.

Une excellente nouvelle qui confirme que le RN ne convainc pas les Français et pour cause : la colère et la protestation sur lesquelles ce parti a misé depuis longtemps, ne peuvent à elles seules constituer un programme politique. Elles n’ont jamais suffi à masquer l’incompétence notoire des élus et des candidats d’extrême droite. Ainsi, le parti de Marine Le Pen ne dirigera aucune région et observe au contraire un net recul de son électorat. En effet, le RN perd 30% de ses élus régionaux et départementaux et continue à se heurter à un plafond de verre qui ne semble pas prêt à se briser.

Par conséquent, le message des Français est clair : les extrêmes sont laminés et "l’arc républicain" tient bon. Les électeurs refusent de se laisser dicter leur vote et se positionnent sans équivoque contre le duel annoncé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

A quelques mois d’une échéance cruciale, le jeu politique est plus ouvert que jamais. Quatre forces politiques se dégagent de cette consultation qui fait office de sondage grandeur nature : entre une extrême gauche improbable et une extrême droite lunaire, on trouve le centre allant de Carole Delga à Christian Estrosi en passant par Manuel Valls, autour d’Emmanuel Macron d’un côté, et la droite républicaine – de Valérie Pécresse, Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez – sortie renforcée, de l’autre.

Traditionnellement, le corps électoral se déplace davantage lors de l’élection présidentielle. Mais il appartient aux démocrates de tous bords d’accompagner cette mobilisation pour élargir la base des forces politiques en présence et ainsi faire triompher la République au même titre que l’expression démocratique, demeurée en ballotage lors de ce scrutin.

Avec les nouveaux équilibres de ce quatre-quarts politique, déjà observé lors du premier tour de l’élection présidentielle de 2017 où les quatre principaux concurrents étaient arrivés dans un mouchoir de poche, il n’est plus possible que le vainqueur remporte automatiquement toute la mise. Désormais, les candidats de 2022 devront faire émerger une véritable "coalition républicaine", sorte "d'union nationale" de toutes les bonnes volontés permettant ainsi d’affronter ensemble les défis de demain qui sortiront la France de l’impasse et lèvera définitivement l’hypothèque des populistes et des extrémistes.

Nous voulons y croire !

Arié Bensemhoun

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