La Knesset en guerre

Israël.

La Knesset en guerre
(Crédit: Knesset)

Les poussées de fièvre au parlement israélien ne sont pas nouvelles, mais depuis quelque temps, les épisodes se rapprochent. Après le scrutin du 23 mars, on avait d'abord assisté à la bataille pour les commissions parlementaires. Pendant que le mandat de former le gouvernement était confié à Benyamin Netanyahou, le Likoud veillait à se réserver les places stratégiques et c'était de bonne guerre, puisque le bloc mené par Yaïr Lapid a fait de même, dès que le président israélien lui a passé le relais pour monter la coalition.

Mais le climat ne s'est pas calmé quand Lapid et Bennett se sont mis d'accord et que le vote de confiance a été obtenu à l'arraché le 13 juin dernier. Et pour sa première prise de parole,  Naftali Bennett qui soumettait son gouvernement au vote du parlement, a essuyé un bizutage en règle, où les députés de ce qui allait devenir l'opposition l'ont littéralement empêché de prononcer deux phrases d'affilée, rendant son discours quasiment inaudible. Et depuis, c'est la surenchère quotidienne. Que ce soit en assemblée plénière ou en commission, la tactique de l'opposition est de déstabiliser les députés de la majorité. Les vieux routiers du Likoud connaissent la procédure sur le bout des doigts et ont beau jeu de coincer les nouveaux venus de Yamina ou du parti Travailliste. D'autant que le poste très sensible de chef de la coalition a été confié à Idit Silman, jeune élue du parti de Naftali Bennett et sans la moindre expérience parlementaire. Ce qui évidemment n'excuse absolument pas la réaction de son prédécesseur du Likoud Micky Zoar, qui lui demande de "répondre comme une bonne petite fille", alors qu'elle vient de le rappeler à l'ordre pour être arrivé en retard. Même les élus des partis orthodoxes n'hésitent pas à repousser les limites, comme lorsque Yaakov Litzman suggère à Naftali Bennett de retirer sa kippa, façon de lui faire comprendre qu'il ne le considère pas comme un vrai juif. Et on passera sur les hurlements et le niveau sonore général qui accompagnent désormais les débats.

Bref, on l'aura compris, le climat n'est ni à la courtoisie ni à la convivialité. Trois semaines après l'investiture du gouvernement, on peut mettre cela sur le compte d'un temps d'adaptation nécessaire aux deux camps pour trouver leur place. Les députés de la majorité doivent se faire à leur nouvel exercice du pouvoir, tandis que les élus du Likoud et des partis orthodoxes, n'ont pour beaucoup d'entre eux, encore jamais siégé dans l'opposition. On sent bien d'ailleurs que certains députés conservateurs ne sont pas vraiment à leur aise dans ce nouveau rôle d'invective et de harcèlement qui leur est imparti par leur chef. Sans oublier justement que Benyamin Netanyahou n'a pas renoncé à l'espoir d'un échec rapide de l'attelage Bennett-Lapid et de la tenue de nouvelles élections législatives qui le ramèneraient au pouvoir. Le nouveau chef de l'opposition israélienne a pour lui sa parfaite connaissance du jeu politique et reste convaincu qu'il peut encore venir à bout de la résistance du gouvernement de rotation en jouant sur toutes les ficelles de la procédure. Mais ce faisant, il offre aussi un cours accéléré d'endurance politique à ses adversaires. Reste à voir qui tiendra le plus longtemps.

Pascale Zonszain

pzoom060721

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