L'espérance de vie s'allonge sauf aux Etats-Unis, la chronique du docteur Serge Rafal

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L'espérance de vie s'allonge sauf aux Etats-Unis, la chronique du docteur Serge Rafal
(Crédit: DR)

Au milieu du XVIIIe siècle, la moitié des enfants mourait avant l’âge de 10 ans, l’espérance de vie ne dépassait pas 25 ans. Elle a atteint 30 ans à la fin de ce siècle, puis a fait un bond à 37 ans en 1810, en partie grâce à la vaccination de Jenner contre la variole. Pendant les guerres napoléoniennes, l’espérance de vie décline évidemment et repasse sous les 30 ans. La hausse reprend ensuite à un rythme lent pendant le XIXe siècle, pour atteindre 45 ans en 1900. Au cours du XXe siècle, les progrès sont plus rapides, à l’exception bien sûr des deux guerres mondiales. Les décès d’enfants deviennent de plus en plus rares : 15% des enfants nés en 1900 meurent avant l’âge de 1 an, 5 % de ceux nés en 1950 et 3,5 pour mille de ceux nés en 2015. Après la réduction drastique de la mortalité infantile dans les pays occidentaux, la hausse de l’espérance de vie s’installe durablement, liée principalement aux progrès dans la lutte contre les maladies cardio-vasculaires et les cancers. C’est ainsi que depuis 1950, nous avons gagné 16 ans d’espérance de vie. En 2020, elle atteint 79,2 ans pour les hommes et 85,3 ans pour les femmes, subissant un léger tassement en raison des 55 000 morts supplémentaires du Covid. Ce nombre est – élevé que celui des DC comptabilisés et annoncés car certaines personnes âgées seraient mortes de toutes façons et que le confinement et les protections sanitaires ont joué un rôle d’amortisseur avec moins de morts par exemple sur la route.

Deux chercheurs de Princeton, la grande université du New-Jersey, Anne Case, Professeur émérite d’économie et d’affaires publiques et Angus Deaton, prix Nobel d’économie en 2015, ont constaté entre 1999 et 2013 une augmentation de la mortalité et de la morbidité (rappelons que c’est l’augmentation de la fréquence des maladies dans un segment de population) des Blancs non hispaniques d’âge moyen alors que les personnes noires ou hispaniques et les plus de 65 ans continuaient à voir leur mortalité baisser comme chez nous durant la même période. Ils en ont évidemment cherché les causes et expliqué qu’elles étaient principalement d’origine humaine en rapport avec l’alcool, la drogue, les suicides : ils les ont d’ailleurs nommés les "morts de désespoir".

Cette surmortalité épargne les noirs, les hispaniques et les plus de 65 ans. Les deux chercheurs en Santé publique évoquent les conditions générales de vie des Blancs qui se sont progressivement dégradées et ont abouti à cette surmortalité. Les noirs et les hispaniques, plus habitués à l‘adversité n’ont-eux pas vécu cela comme un déclassement. Les personnes plus âgées non plus : bénéficiant du Médicare (couverture-santé), elles ont maintenu un standard de vie qui les a laissés à l’écart des turbulences sociales et donc des médicaments, de l’alcool et du suicide.

J’ai déjà eu l’occasion d’en parler, les morts par overdose, volontaires ou involontaires, ont quadruplé entre 2000 et 2014, dépassant les 110 000 morts… ce qui excède par exemple les DC dus au diabète ! 

Nous ne sommes pas les Etats-Unis et nous devrions continuer à observer un vieillissement de la population, après la parenthèse Covid et ses plus de 110 000 morts. D’après l’Insee, nous comptons actuellement en France 20 fois plus de centenaires qu’en 1970 soit un peu plus de 21 000 personnes. Les prévisions évoquent un nombre de 270 000 à l’horizon 2070 avec une espérance de vie de 93 ans pour les femmes et de 90 pour les hommes. Un progrès pour les Français, une réflexion pour les socio-économistes, un casse-tête pour les caisses de retraite. 

https://youtu.be/u-TM6AmRsQE

Docteur Serge Rafal

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