Mouna Izddine, journaliste marocaine indépendante, était l’invitée d'Olivier Issembert ce vendredi matin sur Radio, à 8h50. Elle est revenue sur l’état des relations entre le Maroc et sa communauté juive pour faire suite au rapprochement entre Rabah et Jérusalem.
Après la normalisation des relations entre les deux pays, les échanges entre Israël et le Maroc battent leur plein ces derniers temps. Nous ne comptons également plus les signes de rapprochement entre les deux pays. Et, le dernier en date, est celui de la naissance de la chambre de commerce Israël-Maroc. Les compagnies aériennes se préparent de surcroît à proposer des vols en direction du Maroc dès que la situation sanitaire le permettra. Le chef de la diplomatie marocaine est même invité par le directeur du ministère israélien des affaires étrangères à Rabah à se rendre en Israël.
Mouna Izddine nous explique comment ce rapprochement est perçu dans les rues marocaines. "Ce ne sont pas des réactions homogènes ou monolithiques. Comme dans tout pays, il y a des gens qui sont favorables et d’autres non. Mais, majoritairement, la rue est favorable. […] La rue marocaine dans l’ensemble attend avec ferveur l’arrivée des premiers touristes israéliens". Pour la journaliste, ces réactions favorables sont tout à fait sincères. "Les Marocains ont toujours eu des liens avec la communauté et la diaspora juive, qu'elle soit israélienne ou pas. Ils les considèrent comme des frères, des cousins. Je ne pense pas que ce soit uniquement économique parce qu’il y a des liens historiques très forts".
Il faut également savoir qu’il ne reste plus que 3 000 Juifs au Maroc. Selon Mouna Izddine, ces rapprochements sur un plan économique, culturel et même militaire vont contribuer aussi à une amélioration des relations entre les Marocains et sa communauté juive. "Ils ont en quelque sorte un tabou qui est tombé et qui était lié au nom même d’Israël. Le fait qu’on en parle officiellement dans les médias, à travers les représentants du gouvernement, à travers le roi, contribue à dédiaboliser Israël dans la majorité des foyers marocains". Cela ne pourra donc qu’aller en faveur des relations entre les deux pays.
À la question de savoir si le fait de parler autant d’Israël à travers le rapprochement entre les deux pays signifie que la population marocaine ne va plus voir le pays que sous le prisme de l’occupant, Mouna Izddine répond : "Il y en aura toujours qui auront toujours cette opinion là et qui seront plutôt fermés et qui suivent une idéologie". Nombreux sont également ceux à souhaiter "être amis avec Israël. C’est quelque chose de quasiment révolutionnaire qui était inimaginable il y a quelques années. Les Marocains restent un peu plus ouverts, un peu plus accueillants. Il y en a qui sont juste dans la curiosité de connaître les Israéliens et de les voir autrement que sous le prisme du conflit sous lequel ils les voient depuis des décennies".
Finalement, le parti islamiste est très partagé face à ce rapprochement. "Il reste défavorable. Il y a régulièrement des sorties médiatiques pour dire qu’ils sont contre, qu’il faut cesser toute normalisation. [Mais], il ne peut pas empêcher ces gens-là de s’exprimer et d’exprimer leur position à l’encontre d’Israël."
Cécile Breton
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