La Mdl, dont le nom provient de la ville du Connecticut où elle a été identifiée pour la premièrefois en 1975 est comme vous l’avez précisé dans votre lancement une maladie infectieuse transmise par la piqûre d’une tique. Elle entraîne des symptômes cutanés (rougeur ou érythème à l’endroit de la piqûre puis migrant à distance), rhumatologiques (arthrite avec gonflement d’une ou plusieurs articulations : genou, cheville) et neurologiques (douleurs, fourmillements, paralysie). Elle guérit par une ABthérapie d’une 15aine de jours voire de trois semaines. Le diagnostic est confirmé par une sérologie qui comme pour beaucoup de maladies infectieuses se positive seulement vers la sixième semaine.
Les problèmes posés par la maladie de Lyme sont nombreux. Le premier concerne les tiques. Il en existe 900 espèces différentes dans le monde, une 40aine dans le monde, une demi douzaine vectrice de maladies infectieuses, et une seule en France. Mais toutes les tiques ne transmettent pas, seulement 1 à 30% d’entre elles sont infectées et peuvent alors transmettre. Et lors d’une piqûre, la transmission ne se produit que dans 5% des cas maximum. Et elle n’a lieu que de mars à octobre et encore pas dans toutes les régions. Ce qui fait que beaucoup de présumées Mdl, l’extrême majorité, plus de 80% des cas, n’en est pas : - Soit parce qu’il n’y a pas eu de piqure de tiques ; - Soit parce que la tique n’était pas infectée. C’est la même chose je vous le rappelle pour le paludisme que fort heureusement, l’on n’attrape pas après chaque piqûre de moustiques en zone endémique ; - Soit parce que le malade souffre d’autre chose, ce qui est le plus souvent le cas ; - Soit parce que certains mettent en doute la fiabilité de la sérologie et imaginent des formes chroniques qui nécessitent alors des traitements prolongés.
Cette maladie dont on parle beaucoup est finalement rare et peu grave : 55000 cas présumés par an dont 900 hospitalisés, zéro mort. Beaucoup de malades en errance Dg ou en grande souffrance avec des symptômes cliniques variés parfois psychosomatiques qui ont déjà consulté de nombreux médecins, sont heureux de trouver des spécialistes autoproclamés du Lyme qui les confortent dans leur attitude et leur proposent un diagnostic autre que psychiatrique donc moins stigmatisant. Un commerce florissant s’est organisé autour de cette maladie, d’un grand polymorphisme pour certains.
Ceci n'est pas sans conséquences, car face à une maladie présumée infectieuse, même s’il n’y a aucune certitude (pas de piqure de tique, pas la bonne tique, pas vraiment les symptômes, sérologie négative au début ou au contraire longtemps positive, ce qui est normal), il leur est proposé un diagnostic valorisant mais des traitements totalement inutiles : antibiotiques prolongés et parfois aussi de nombreux autres médicaments (antiparasitaires, antiviraux, antalgiques dont les opiacés, Ainsi, psychotropes…) responsables d’accidents graves et parfois de décès.
Des recommandations ont été édictées, un parcours de soins a été mis en place avec un centre-Lyme de référence à Villeneuve St-Georges… mais pas à La Pitié-Salpétrière chez le Pr Caumes, disqualifié car apparemment trop critique. Une minorité agissante semble faire la loi avec des considérations pas toujours scientifiques écrit-il dans son ouvrage.
La Mdl est l’illustration des problèmes de santé actuels, ce que nous avons également pu observer avec la pandémie de Covid. La parole doit pourtant rester aux scientifiques même si leur image a beaucoup souffert pendant la délicate période que nous avons et continuons de traverser.
Docteur Serge Rafal
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