Meir Masri, docteur en géopolitique et spécialiste du Moyen-Orient, était l’invité d’Ilana Ferhadian ce lundi matin sur Radio J, à 7h45. Il est revenu sur la situation entre Israël et le Liban, ainsi que sur les relations entre Israël et le Maroc.
Meir Masri revenait récemment d’une excursion avec Tsahal, où il a pu découvrir des sites militaires limitrophes à la frontière nord et notamment un gigantesque tunnel du Hezbollah neutralisé par Tsahal. Une découverte impressionnante pour le docteur en géopolitique : « J’ai vu un gigantesque édifice qui arrive à 80 mètres en dessous de la surface du sol et qui fait un kilomètre de long, et arrive en territoire israélien à plus de 250 mètres ».
Pour Meir Masri, lors de sa visite, deux questions demeuraient alors : est-ce que l’État libanais était au courant de la construction de cet édifice ? Et surtout, que fait l’ONU ? Il affirme que le Liban n’a pas eu vent de ce projet : « Le Hezbollah travaille avec le financement iranien qui est un appareil indépendant au Liban. C’est un État dans l’État». Concernant l’ONU, la situation est plus floue, la Force intérimaire des Nations unies au Liban (FINUL) étant justement supervisée pour surveiller la frontière internationale entre Israël et le Liban. Ce qu’elle ne fait visiblement pas, et pour Méir Masri, la FINUL ferme les yeux : « On voit que la résolution 1701 en vertu de laquelle la FINUL a été réinstallée est complètement violée, puisque le Hezbollah demeure présent en ces lieux. Il est armé, construit des tunnels et tire sur Israël ».
La menace du Hezbollah est donc bien présente, et pèse sur l’Etat Hébreu, qui doit se défendre seul. Récemment, Raphaël Jerusalmy, l’analyste des questions de défense israéliennes expliquait sur Radio J que le Hezbollah cherchait à tester les capacités d’Israël. Meir Masri partage ce point de vue : « Le Hezbollah cherche à mettre en place une ligne de dissuasion. Il veut aussi justifier sa raison d’être. Aux yeux des Libanais, cette milice n’a pas à exister. Son seul prétexte est de libérer le territoire libanais occupé par Israël. Or, il n’y en a pas ».
Le Hezbollah se présente en effet comme un parti politique libanais qui a construit "une résistance" dans le sud d’Israël. Toutefois, « rien ne se passe dans le sud. Tout ce qu’il se passe c’est sur des fronts extérieurs ». Aux yeux des Libanais, le Hezbollah ne remplit donc pas son rôle, car il a bien d’autres priorités, affrontant notamment une des pires crises économiques dans le pays.
Pour Méir Masri, l’écart entre le Hezbollah et le peuple libanais est abyssal : « Le Hezbollah se dit libanais mais n’a rien de libanais puisque l’argent arrive exclusivement de l’État iranien. Ses membres n’appartiennent également qu’à une seule communauté confessionnelle. Il s’agit d’une milice où les combattants sont tous des chiites. Ce n’est pas une résistance populaire ».
Malheureusement, ce sont bien les Libanais qui « paient le prix car à chaque fois qu’il y aura une confrontation armée avec Israël, ce dernier va riposter au Liban et le Hezbollah va se réfugier dans des zones civiles ».
Enfin, Méir Masri est revenu sur la relation instaurée entre le Maroc et Israël, qui ont concrétisé ce dimanche un premier vol commercial. Des centaines d’Israéliens ont ainsi atterri à Marrakech. Le début d’une relation profonde et complète pour Méir Masri. « La paix avec le Maroc a un goût très particulier. Beaucoup d’Israéliens sont d’origine marocaine et il y a des relations informelles entre populations civiles ». Ces belles relations sont observées notamment sur les réseaux sociaux : « Ce climat très favorable à la paix permettra que cet accord ne reste pas que symbolique ou au niveau des chefs d’État et des appareils de sécurité. Je pense qu’il y aura quelque chose de concret ».
Cécile Breton
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