Cyrille Cohen, professeur, chef du laboratoire d’immunothérapie de l’Université Bar-Ilan et membre d’un comité consultatif du ministère de la santé sur les vaccins contre le coronavirus, était l’invité de Ilana Ferhadian ce mercredi matin sur Radio J, à 7h45. Il est revenu sur la résurgence du coronavirus en Israël.
En Israël, si aucune mesure n’est prise pour freiner la propagation du virus, le nombre de cas graves malades du coronavirus pourrait augmenter très fortement d’ici la mi-août. Le taux de positivité y est aussi remonté à plus de 2%. Dans le même temps, parmi les nouveaux contaminés, 10% sont des personnes ayant séjourné à l’étranger. Est-ce que la situation risque de s’aggraver encore comme le démontrait ce mardi une étude de l’Université hébraïque de Jérusalem ? « Les chiffres vont monter », assure Cyrille Cohen. « Nous avions déjà constaté cette hausse importante depuis une dizaine de jours. Plusieurs spécialistes ont signalé le fait que si on ne prend pas de mesures, on verra ces chiffres à la hausse. La question est de savoir comment on arrive à vivre avec la Covid-19, quelles sont les marges qu’on peut laisser face à la vaccination et d’autres mesures et quels sont les chiffres avec lesquels on pourra vivre ».
La semaine dernière, le directeur général du ministère de la Santé avertissait qu’un nouveau confinement pourrait être envisagé pendant la période des fêtes en septembre. Le professeur estime qu’il est encore tôt pour être certain qu’il sera mis en place. Selon lui, il faut envisager une troisième dose pour les personnes à risque et âgées. « Cela nous permettra d’empêcher une montée des cas graves et de continuer à vivre avec la Covid-19 ».
Si les personnes immunodéprimées commencent à recevoir une troisième dose de vaccin, Cyrille Cohen explique qu’ils sont en train de discuter pour voir si cette dose supplémentaire doit être administrée ou non à partir de l’âge de 60/70 ans. Ils ont effectivement constaté « une baisse de l’efficacité du vaccin pour les gens [de cet âge] qui ont été vaccinés au mois de décembre et de janvier. Les malades graves sont essentiellement des gens de plus de 60 ans avec des comorbidités. Le vaccin protège quand même 80 à 90% des formes graves mais, nous voulons éviter un débordement ».
Dans Times of Israël, Cyrille Cohen a de surcroît évoqué la complexité du variant delta. Considéré comme ultra infectieux, celui-ci pourrait rendre les personnes contaminées plus fortes au virus. « Quand on parle de l’efficacité d’un vaccin, il faut faire la différence entre les infections, les infections symptomatiques et les cas graves. La Covid-19 est là pour rester. Je pense que même en tant que vaccinés nous en serons tous exposés. Le vaccin est juste une autre barrière qui permettra de minimiser les cas graves. On voit que l’infection protège et semblerait protéger un peu plus que le vaccin ». Le professeur insiste aussi sur le fait qu’il faut se faire vacciner.
Toujours en Israël, les enfants à partir de cinq ans qui présentent des comorbidités et des maladies graves pourront se faire vacciner. Une décision prise alors qu’une grande partie des personnes contaminées ces dernières semaines ont moins de douze ans. Cyrille Cohen précise que nous parlons tout de même de quelques milliers de jeunes qui ont vraiment de graves problèmes de santé. « Ce ne sera pas une vaccination générale. Pour cela, il faut attendre les résultats des essais cliniques qu’on aura seulement cet hiver. Il faut être très prudent ». Ces enfants sont également vaccinés avec une dose qui est bien moindre que les plus de 12 ans. « On voit aussi aujourd’hui que 45% des gens qui sont contaminés par le variant delta ont moins de 18 ans. Il faut faire du cas par cas ».
En dehors d’Israël, le professeur Alain Fischer s’est exprimé ce mardi en France. Il a pointé du doigt ceux qui sont contre les vaccins. Il appelait aussi les femmes enceintes à se faire vacciner, y compris dès le premier trimestre de la grossesse. Pour Cyrille Cohen, être enceinte est un terrain un peu plus propice à faire des formes graves. « C’est aussi très dur de mettre en pratique certains traitements à cause de la grossesse. En Israël, nous recommandons la vaccination à tout stade ». Au début, les spécialistes étaient sceptiques, notamment par qu’au premier trimestre il y a souvent des fausses couches. « Et, les gens attribuent une fausse couche à la vaccination ». Mais, plusieurs études dans le monde prouvent que celle-ci n’a pas d’effets indésirables sur la grossesse.
Finalement, nombreux sont ceux à refuser de se faire vacciner. Cela est notamment le cas en France où plus de 160 000 personnes ont défilé dans les rues le weekend dernier. Comment réussir à les convaincre ? Selon le professeur, il faut qu’ils basent leur décision seulement sur les avis de professionnels et pas sur Facebook, Google, etc. « Nous voyons que les médias sociaux ont énormément d’influence. Il y a tellement de fausses vérités qui y sont énoncées. On ne peut pas forcer quelqu’un à se faire vacciner ».
Et Cyrille Cohen conclut : « La vaccination vous protège et protège les autres. Il faut s’entretenir avec des spécialistes, avoir des sources sûres et comprendre les bienfaits de la vaccination car aujourd’hui c’est la seule arme que l’on a et qui est efficace contre ce virus. Nous sommes dans un scénario qui nous rappelle celui de la grippe. On aura sûrement une vaccination mise à jour. […] La guerre va être longue ».
Cécile Breton
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