Le ministre israélien de la Santé a été clair : le meilleur et peut-être même le seul moyen de vaincre l'épidémie, c'est d'arriver à 3 millions d'injections d'une 3e dose de vaccin dans les semaines qui viennent. Pour Nitzan Horowitz, comme d'ailleurs pour Naftali Bennett, la stratégie passe par la vaccination. Il s'agit d'éviter d'en arriver à un quatrième confinement, dont on sait d'ores et déjà qu'il sera très mal accueilli par le public, alors que l'économie commence à peine à sortir la tête de l'eau. Mais surtout, il n'est pas certain que ce soit une réponse suffisante pour freiner le variant Delta.
Donc, Israël ne change pas de cap. Comme il avait été le premier pays à lancer une campagne vaccinale massive dès la fin 2020, il est aujourd'hui le premier pays à miser sur le booster, cette troisième dose qui doit renforcer les anticorps qui se sont affaiblis, voire ont disparu, chez les sujets les plus anciennement vaccinés, et en particulier les personnes fragiles. Mais justement, pas question de se limiter à cette catégorie. En moins d'un mois, Israël a déjà ouvert l'injection de la troisième dose des plus de 60 ans, aux plus de 40 et dans quelques jours, le booster devrait être accessible aux trentenaires. Et les dirigeants israéliens commencent à songer à un pass sanitaire qui ne deviendrait accessible qu'aux personnes ayant reçu les 3 injections et plus seulement deux. Mais on n'en est pas encore là.
Pour l'instant, l'objectif est donc de vacciner 3 millions de personnes dans les prochaines semaines, et si possible d'ici aux fêtes de Rosh Hashana, qui débutent le 6 septembre. Traditionnellement, le mois de Tichri est celui des rassemblements familiaux, des offices à la synagogue, et aussi des voyages, autant d'occasions de propager le virus. Sans compter que les enfants seront de nouveau en congé une partie du mois de septembre, alors que les cours auront repris le 1er du mois. C'est aussi pour cela que le ministère de la Santé a autorisé la vaccination des enfants de 12 ans et plus dans l'enceinte des établissements scolaires et durant les heures de cours, de façon à optimiser le temps disponible.
Mais pour que cela fonctionne, il faut aussi colmater une sérieuse brèche : celle du million d'Israéliens éligibles et qui n'ont pas encore été vaccinés du tout. Il s'agit pour les deux tiers d'adultes et pour un tiers de jeunes de 12-15 ans, la dernière tranche d'âge à avoir été ouverte à la vaccination au début de l'été. Et les chiffres du ministère israélien de la Santé constatent que ces non-vaccinés sont presque tous dans la périphérie, géographique, mais aussi sociale. Ce sont les classes les plus défavorisées ou les plus vulnérables qui composent l'essentiel de cette population, soit par manque de moyens d'arriver aux points de vaccination, soit par peur ou par défiance de la vaccination. Le ministre israélien de la Santé a donc ordonné la mise en place d'un dispositif qui amène le vaccin quasiment jusqu'à la maison, avec des unités mobiles qui vont se déplacer dans les localités les plus éloignées ou auprès des personnes à mobilité réduite. Israël veut donc se donner les moyens de bloquer le variant par le vaccin. Et encore une fois, le monde devrait suivre l'expérience avec intérêt.
Pascale Zonszain
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