« Toutes les démocraties occidentales vivent une crise, et c'est une crise qui s'exacerbe devant les grandes peurs contemporaines. (...). L'antisémitisme est la forme la plus avancée, à chaque fois la plus radicale, de la peur de l'autre ». Emmanuel Macron est revenu sur la montée de la haine antijuive en Europe, dans une interview exclusive accordée à Radio J jeudi soir, dans l'avion présidentiel qui le ramenait de sa visite en Israël. Le président de la République y a notamment assisté au 5e Forum sur la Shoah, à Jérusalem. « J'ai eu à la fois cette émotion, ce sentiment de responsabilité et j'ai touché du doigt à nouveau (...) la fragilité de notre démocratie et de notre humanisme. S'il n'y a pas à chaque fois l'esprit de résistance, la conscience, l'éducation, cette volonté de tenir debout pour dire "Plus jamais ça!", alors ça peut revenir », a indiqué le président.
Dans cet entretien diffusé vendredi matin, Emmanuel Macron a également livré son analyse des tensions qui agitent le pays, sur fond de mobilisation contre le projet de réforme des retraites du gouvernement. Il pointe du doigt des « discours politiques extraordinairement coupables » qui, assimilant la France à une dictature, favoriseraient le passage à l'acte violent. « Aujourd'hui s'est installée dans notre société – et de manière séditieuse, par des discours politiques extraordinairement coupables – l'idée que nous ne serions plus dans une démocratie, qu'une forme de dictature se serait installée », a-t-il déclaré au micro de Frédéric Haziza.
« Mais allez en dictature ! Une dictature, c'est un régime où une personne ou un clan décident des lois. Une dictature, c'est un régime où on ne change pas les dirigeants, jamais. Si la France c'est cela, essayez la dictature et vous verrez ! La dictature, elle justifie la haine. La dictature, elle justifie la violence pour en sortir. Mais il y a en démocratie un principe fondamental : le respect de l'autre, l'interdiction de la violence, la haine à combattre. »
Emmanuel MACRON à Radio J
Cette violence, le président de la République en fait porter la responsabilité à « celles et ceux qui portent cette violence, celles et ceux qui, avec cynisme quelquefois, l'encouragent, celles et ceux qui taisent tout reproche qu'il faut avoir oublient une chose très simple : nous sommes une démocratie ».
Un système politique dont il rappelle les fondements.
« Une démocratie, c'est un système politique où l'on choisit nos dirigeants. C'est un système politique où l'on choisit des représentants qui auront à voter librement les lois qui régissent la société. Cela a beaucoup d'exigence, cela veut dire que la liberté du peuple et sa souveraineté sont reconnues. Mais cela a une contrepartie, c'est que dans une démocratie, on a un devoir de respect à l'égard de ceux qui représentent et votent cette loi, parce que précisément, on a le pouvoir de les révoquer. On a l'interdiction de la haine, parce qu'on a le pouvoir de les changer ! »
Emmanuel MACRON, à Radio J.
Steve Nadjar
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