Le talon d'Achille israélien à Gaza

Israël.

Le talon d'Achille israélien à Gaza
(Crédit: ministère de la Défense)

Le sergent-chef Barel H'adaria Shmueli, 21 ans, était un tireur d'élite des commandos de garde-frontière. Le 20 août dernier, il était déployé derrière le mur qui longe la zone tampon entre le territoire de Gaza et la frontière israélienne. Son rôle était de repousser de possibles attaques d'émeutiers ou tentatives d'infiltration lors d'un rassemblement organisé par le Hamas. Il n'a pas pu voir qu'un Palestinien armé d'un pistolet allait passer le canon de son arme dans la meurtrière derrière laquelle il se trouvait et le blesser à la tête, quasiment à bout touchant. Le sergent Shmueli a succombé lundi après neuf jours dans le coma et plusieurs opérations.

Cet événement met une nouvelle fois en évidence les limites du dispositif de défense israélien sur la frontière de Gaza. Petit rappel historique : Israël avait conquis la Bande de Gaza en 1967, un territoire jusque-là occupé par l'Egypte. En 1994, après la signature des Accords d'Oslo, c'est l'OLP de Yasser Arafat qui en partage le contrôle avec Israël qui entretemps y a créé des implantations. Un an plus tard, les accords israélo-palestiniens prévoient la création d'une ligne de démarcation du nord au sud du territoire côtier qui marque les limites de l'enclave et du territoire israélien souverain. A l'ouest de cette ligne, une zone tampon, de quelque 300 mètres de large est placée sous la responsabilité de la police palestinienne, qui doit y empêcher toute activité hostile ou tentative d'infiltration terroriste. Et Israël commence à édifier une barrière physique, composée de clôtures, de parois de béton et de routes de patrouille.

En 2005, Israël se retire unilatéralement de la Bande de Gaza, qui tombe deux ans plus tard entre les mains du Hamas, qui a renversé le pouvoir de l'Autorité Palestinienne. Et depuis, la menace en surface s'est doublée d'un danger souterrain avec le percement de dizaines de tunnels, servant à la contrebande d'armes, mais aussi à des infiltrations en territoire israélien. C'est ainsi qu'avait été enlevé le soldat Gilad Shalit en 2006.

Israël continue donc en permanence à améliorer et à renforcer son dispositif de défense frontalier avec Gaza. Il y a aujourd'hui deux barrières parallèles édifiées par Israël et séparées par une zone tampon. C'est ce no man's land qui est investi  par des manifestants acheminés et encadrés par le Hamas dans un crescendo qui peut aller de la simple manifestation aux jets de pierres, voire à des tirs contre les forces de sécurité israéliennes. Ces émeutes avaient atteint leur paroxysme en 2018 et depuis, Tsahal avait mis en place un système censé dissuader et repousser ces actions, autant que possible avec des armes non létales utilisées par des tireurs d'élite, comme le sergent Barel Shmueli.

Sauf que le dispositif avait une faiblesse qu'un émeutier palestinien a donc réussi à exploiter, alors que les soldats déployés de leur côté du mur avaient laissé les manifestants s'approcher beaucoup trop près. En d'autres termes, la dissuasion israélienne n'a pas fonctionné. Et c'est bien le cœur du problème dans cette confrontation qui ne finit pas entre Israël et le Hamas.

Pascale Zonszain

pzoom310821

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