Kotel et Ouman, le casse-tête sanitaire de Rosh Hashana

Israël.

Kotel et Ouman, le casse-tête sanitaire de Rosh Hashana
(Crédit: Wikimedia Commons)

L'an dernier, les célébrations de Rosh Hashana avaient coïncidé avec le début d'un deuxième confinement. Moins drastique que celui du printemps 2020, il avait pourtant sérieusement perturbé le calendrier religieux du mois de Tichri, le plus important du rite juif. Les offices n'avaient pu se dérouler que sur des jauges ultra-réduites et les rassemblements familiaux étaient restés limités au premier cercle. Les voyages à l'étranger étaient quasiment impossibles. Ce qui avait notamment impacté le traditionnel pèlerinage de Rosh Hashana à Ouman, cette localité d'Ukraine qui attire chaque année de très nombreux Juifs d'Israël et des communautés de diaspora, qui viennent prier sur le tombeau de Rabbi Nachman de Breslav, le fondateur du hassidisme. Le commissaire au Covid avait voulu interdire le pèlerinage, entrainant même un incident diplomatique avec l'Ukraine, quand des milliers d'Israéliens avaient tenté de contourner l'interdiction et s'étaient retrouvés coincés sur place. 

Cette année, le vaccin a changé la donne, même si le variant Delta oblige encore à des restrictions. Officiellement, les frontières israéliennes sont ouvertes et le trafic aérien a repris. Mais les autorités craignent les effets d'un déplacement de 150.000 personnes, le nombre d'Israéliens qui participent normalement au pèlerinage d'Ouman. Le ministre de la Sécurité intérieure, Omer Bar-Lev, a évoqué le sujet lundi soir en cabinet restreint et comparé le problème à une "bombe à retardement". L'image a fait bondir dans les milieux religieux, mais aussi traditionalistes. En effet, de plus en plus d'Israéliens, pas nécessairement pratiquants, se rendent chaque année à Ouman sur la tombe de Rabbi Nachman. Et certains se demandent pourquoi stigmatiser le pèlerinage d'Ouman, quand on laisse se dérouler un concert de 12.000 personnes, le nombre de spectateurs qui ont assisté il y a quelques jours au spectacle du chanteur Omer Adam ?

Mais les services de l'aéroport Ben Gourion craignent d'être débordés. Et se posera aussi le problème du contrôle de la période d'isolement au retour d'Ukraine, qui est toujours classé rouge pour Israël. Le sujet est donc une vraie 'patate chaude' politique, dont la coalition Bennett-Lapid se serait bien passée. D'ailleurs, le reste de l'organisation des fêtes du mois de Tichri n'est pas moins sensible. Le gouvernement a validé le dispositif concernant les prières au Kotel, le Mur Occidental et qui est déjà entré en vigueur pour les Selihot, les prières de repentance qui commencent avant le Nouvel An et qui limite la jauge à 8.000 personnes, réparties en 18 espaces de prière. Si le pass sanitaire n'est pas obligatoire, il est fortement recommandé. Un décret halachique a aussi autorisé la diffusion des prières du Kotel en vidéo, que les fidèles pourront suivre de chez eux. Mais là encore, pour certains, le système manque de cohérence. Pourquoi limiter la jauge pour les fidèles juifs au Kotel et pas pour les musulmans dans les mosquées du Mont du Temple ou les chrétiens au Saint Sépulcre ? Bref, il n'y a pas de formule idéale. Seuls les offices dans les synagogues pourront avoir lieu normalement, mais en respectant les jauges intérieures et extérieures et bien sûr avec le port du masque. En espérant que les fêtes pourront se dérouler sans rebond épidémique.

Pascale Zonszain

pzoom010921

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