Une bonne méthylation pour rester en bonne santé, la chronique du docteur Serge Rafal

Je suis moi-même vite perdu en physique et en chimie et je sais parfaitement que nous sommes dans une rubrique-santé, je vais donc juste vous nommer un processus chimique essentiel moins connu que l’oxydation, la méthylation, et vous expliquer en quoi il est important pour la santé et comment le préserver ou le favoriser.

Je n’entre pas dans le détail, promis. C’est un processus métabolique fondamental, qui se produit à chaque division cellulaire dans notre organisme, et nous permet de mieux vieillir en nous protégeant d’un certain nombre de maladies, en participant entre-autre à la synthèse du CoQ10, de quelques neurotransmetteurs et du glutathion, un des antioxydants de détoxification les plus précieux, et en modulant l’expression de plusieurs gènes de notre ADN, ce qu’on appelle l’épigénétique, à laquelle je consacrerai prochainement une chronique.

Le vieillissement est influencé par 2 composantes principales : la prédisposition génétique bien sûr et les facteurs environnementaux, dont évidemment l’hygiène de vie. Celle-ci peut moduler la 1ère grâce entre-autre à la méthylation qui participe à l’entretien, la réparation et la fabrication de notre ADN lors de la division cellulaire. Mais elle diminue malheureusement avec l’âge.

Les autres conséquences d'une méthylation insuffisante sont diverses. Citons : - Des manifestations d’anxiété ou d’angoisse ; - Probablement des troubles de l’attention et du comportement chez l’enfant ; - L’apparition plus précoce de troubles cognitifs voire les prémisses d’une maladie d’Alzheimer. Il est donc capital, dans le cadre d’une approche préventive de la santé et du vieillissement, de veiller à une bonne méthylation.

Ca n’est pas de la biologie courante tout comme la mesure de la longueur des télomères dont on sait que le raccourcissement signe le vieillissement.

On peut agir sur la méthylation en modifiant le mode de vie et l’alimentation. Certaines mesures sont plus simples que d’autres, c’est donc par elles qu’il convient de commencer : - Éviter les ambiances polluées, vœu évidemment pieu, surtout en ville ; - Stopper le tabac et l’alcool, ce qui est plus sous nôtre contrôle ; - Limiter les apports en graisses saturées et en sucres qui affaiblissent le système immunitaire et entretiennent inflammation ; - Ne pas consommer d’aliments brûlés ou carbonisés noircis (pain, viande) qui introduisent dans l’organisme des hydrocarbures aromatiques nocifs pour le génome ; - Privilégier les aliments riches en groupes méthyles : betterave, jaune d’œuf bio ou label rouge, végétaux vert foncé (brocoli, épinard), poulet bio ou fermier, quinoa ; - Veiller aux apports soufrés car cet oligo-élément participe activement à la méthylation. On le trouve dans les alliacés (ail, échalote, ciboulette, oignon), les crucifères, le jaune d’œuf, les fruits oléagineux (amande, noix), le poireau, le poisson et les fruits de mer, la viande ; - Ne pas supprimer totalement la viande qui apporte arginine et glycine, acides aminés importants pour ce processus bénéfique ; - Etre attentif aux apports des vitamines B et C, du magnésium, du Zn et des oméga-3 ; - Veiller à éviter le DT2 qui inhibe la méthylation ; - Et rester actif mentalement, ce qui par contre l’augmente.

C’était juste pour vous expliquer que les conseils que nous prodiguons à longueur d’années sont étayés et appuyés par des études et des réactions chimiques qui se produisent dans l’organisme. Et que parmi celles-ci, la méthylation dont vous n’aviez probablement jamais entendu parler, est pourtant essentielle à la santé et à la prévention du vieillissement. « On commence à vieillir quand on finit d’apprendre » dit un proverbe japonais. Vous n’êtes pas concernée pour le moment mais j’espère vous avoir appris quelque chose ce matin.

Docteur Serge Rafal