Beaucoup de choses ont changé en Israël depuis un an. D'autres ont continué comme avant. Le Covid est toujours là. A la fin du printemps, le variant Delta est venu bouleverser le formidable succès de la campagne vaccinale, qui avait fait d'Israël un exemple mondial. Vaccinés trop tôt, les Israéliens qui avaient pratiquement retrouvé une vie normale, ont pris de plein fouet la nouvelle vague épidémique, alors que le bouclier vaccinal avait déjà commencé à s'affaiblir. Mais comme on ne change pas une équipe qui gagne, le vaccin anti-Covid a été de nouveau mobilisé, d'abord pour protéger les plus jeunes, faisant d'Israël le premier pays à élargir la vaccination aux 12-15 ans, puis en recourant à la troisième dose, en premier lieu pour les plus âgés, et désormais pour toute la population éligible. Et les autorités sanitaires commencent à entrevoir un ralentissement de la propagation du virus et surtout constatent une gravité moindre auprès de la majorité des malades vaccinés.
Et la crise sanitaire n'a pas fait taire la crise politique. 5781 a commencé avec un gouvernement de coalition divisé, incapable de surmonter ses différends. Dès l'automne, il était clair qu'Israël s'engageait vers un quatrième scrutin législatif en deux ans. Et c'est ensuite que l'impensable s'est produit. Benyamin Netanyahou, indéboulonnable Premier ministre depuis 2009 et champion incontesté de la tactique politicienne, a échoué à former une coalition après le scrutin de mars dernier. Par un jeu de chaises musicales dont la politique israélienne a le secret, c'est le centriste Yaïr Lapid qui a reçu la mission de former le gouvernement et qui a finalement réussi à mettre sur pied une coalition improbable. Un gouvernement de rotation, dont il laisse le premier tour au nationaliste Naftali Bennett avec une alliance incluant une partie de la droite, la gauche et pour la première fois un parti arabe israélien, de surcroît islamiste. Un séisme politique comme le pays n'en a jamais connu. Et depuis bientôt trois mois et contre toute attente, cette coalition tient bon et a même réussi à passer en première lecture le projet de Budget, auquel presque plus personne ne croyait.
Et 5781 aura été marqué par un nouvel épisode de guerre avec le Hamas. Onze jours de confrontation au mois de mai, en pleines tractations politiques. Plus de 4.600 roquettes palestiniennes tirées sur Israël depuis Gaza, et pour la première fois depuis 1948, une violence à l'intérieur du pays. Des émeutes arabes téléguidées par le Hamas sur fond de prétendue défense de Jérusalem; et aussi une violence extrémiste juive contre des Arabes comme le terrible lynchage de Bat Yam. Si la tension est retombée, le problème n'est pas réglé et a révélé une urgence à traiter la violence endémique du secteur arabe israélien.
Et puis, il y a eu la terrible tragédie de Meron et ses 45 victimes lors du pèlerinage de Lag Ba'Omer à la fin avril. La pire catastrophe civile de l'histoire d'Israël, qui est venue rappeler que l'Etat a encore du travail à faire pour exercer son autorité sur les sites religieux.
Mais 5781 aura aussi été l'année des premiers fruits de la normalisation des accords d'Abraham. Les Israéliens ont été des dizaines de milliers à découvrir Abu Dhabi, et ils sont dix fois plus nombreux à attendre l'embellie sanitaire pour retrouver le Maroc. De quoi espérer pour 5782 !
Pascale Zonszain
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.