Une grande étude de synthèse, réalisée pendant 30 ans dans 194 pays, publiée dans le « Lancet » sous l’égide de l’Imperial College de Londres et de l’OMS, qui ne travaillent donc pas exclusivement sur la Covid, vient d’être publiée. Elle nous apprend que la moitié des personnes atteintes d’hypertension artérielle (près de 600M de patients) l’ignorent et que plus de la moitié (720M de patients) ne reçoivent pas le traitement indispensable dont ils auraient pourtant besoin. Ce qui n’est pas sans conséquences quand on sait que cette maladie souvent silencieuse, c'est à dire sans beaucoup de symptômes, augmente considérablement la mortalité principalement par cardiopathie et AVC. Le nombre des DC directement liés à une PA trop élevée approcherait les 9M par an dans le monde.
Ces 30 dernières années, le nombre d’adultes atteints a doublé, approchant 1,3 milliard d’individus. Ceci est principalement lié à l’accroissement de la population et à son vieillissement.
Avec des inégalités criantes entre pays riches où le nombre des malades a diminué, au contraire des pays plus pauvres où il a augmenté. Moins d’1/4 des femmes souffrant d’hypertension artérielle et un homme sur 5 aurait sa TA contrôlée, ce qui est trop peu. Et chez nous, la moitié des Français suivis pour hypertension artérielle seraient insuffisamment traités d’après l’Assurance-Maladie et conserveraient des chiffres trop élevés… avec les conséquences dont nous avons parlé.
Un patient est dit hypertendu lorsque sa pression artérielle (la pression du sang dans les artères) est supérieure à 140/90 mm de mercure ou 14/9 si vous préférez. Cette mesure tensionnelle doit être effectuée au repos, prise de préférence au bras, en dehors de toute situation de stress, sur un patient allongé depuis 2-3 minutes.
C’est sans doute la plus répandue dans la société française puisqu’on estime que près de 10M de patients sont concernés. Et sa fréquence augmentant avec l’âge, les ¾ des personnes hypertendues ont plus de 60 ans. Il n’est vraiment pas bon de vieillir en ce moment !
Il y a 2 grands groupes de malades : - Ceux chez lesquels, aucune cause n’est retrouvée. L’hypertension artérielle serait due à une perte de souplesse de la paroi des artères avec l’âge, favorisée par certaines maladies ou de mauvaises habitudes (diabète, surpoids, sédentarité, tabagisme, alcoolisme) ; - Et ceux, peu nombreux, chez lesquels on trouve une cause : - Rétrécissement sur une artère rénale ; - Tumeur surrénalienne, la glande du stress.
Aucun traitement ne doit être institué à la légère car il engage l’avenir et la qualité de vie du patient. Il faut donc d’abord corriger les erreurs hygiéno-diététiques : éliminer le surpoids, stopper le tabac, réduire l’alcool, conseiller une activité physique régulière. Et seulement si ces mesures sont insuffisantes, lui proposer un traitement médicamenteux. Puis faire en sorte qu’il le suive correctement, ce qui est loin d’être toujours le cas dans cette maladie volontiers peu bruyante.
Si la tension créatrice est positive, l’hypertension artérielle mal traitée est, elle, souvent punitive, exposant à des complications immédiates nous l’avons dit (IDM, AVC) ou tardives (insuffisance rénale ou cardiaque, problèmes aux yeux = rétinopathie) possiblement graves. Alors de grâce, traitez-vous et ne stoppez jamais votre traitement sans avis médical. Le jeu, si je puis utiliser ce terme, n’en vaut pas la chandelle. Et pas non plus le chandelier.
Docteur Serge Rafal
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