La filière prison du terrorisme palestinien

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La filière prison du terrorisme palestinien
(Crédit: bureau des médias des prisonniers)

Les mouvements terroristes palestiniens ne disparaissent pas derrière les barreaux. C'est même souvent là qu'ils gagnent en force politique. Le phénomène n'est pas nouveau. Chaque organisation reproduit sa propre structure à l'intérieur de la prison, mais à un degré très supérieur pour les mouvements islamistes type Jihad ou Hamas, comparé au mouvement nationaliste du Fatah. Dans chaque prison, dans chacun de ses bâtiments, et même dans chacune de ses cellules, un détenu a le statut "d'émir", c'est-à-dire de chef. C'est seulement avec son autorisation que les autres détenus ont le droit de parler à un gardien, à un membre de la direction de la prison, voire à un avocat ou à un responsable extérieur. Le personnel pénitentiaire le sait, qui attend l'aval de l'émir ou s'adresse à lui directement quand il faut faire passer des consignes aux détenus ou prendre des nouvelles d'un malade.

C'est aussi dans les prisons que se structure le pouvoir et l'influence politique des terroristes. Yahya Sinwar, l'actuel chef du Hamas dans la Bande de Gaza, a passé plus de 25 ans dans les prisons israéliennes. Non seulement c'est là qu'il a gagné son pouvoir au sein du mouvement, mais c'est aussi pendant qu'il purgeait sa peine pour crimes  de terrorisme, qu'il a appris l'hébreu et acquis une profonde connaissance de la société et de la politique israéliennes. Sinwar qui avait d'ailleurs gagné une partie de sa crédibilité au sein du Hamas à la suite d'une évasion manquée au début des années 90.

Au Fatah aussi, on a des cadres qui restent influents pendant leur détention. Le plus connu d'entre eux reste Marwan Barghouti, condamné à la réclusion à perpétuité, et qui aurait pu être un sérieux rival pour Mahmoud Abbas si le chef de l'Autorité Palestinienne n'avait pas décidé d'annuler les élections prévues au printemps dernier. Ces chefs terroristes détenus par Israël continuent à représenter une force politique dans les territoires autonomes, même quand elle est plus de l'ordre du symbolique. Mais des décisions sur des mouvements de grève de la faim, coordonnés à des émeutes sur le terrain se font avec leur participation.

La détention en Israël n'est donc pas qu'une mise à l'écart du dispositif terroriste ou politique palestinien. Pour certains, c'est même une étape du parcours où se gagnent les galons. Et puis, il y a les mouvements qui se sont littéralement fondés dans le système carcéral israélien. C’est justement le cas du Jihad Islamique dont les fondateurs  se sont connus au milieu des années 80 dans une prison militaire israélienne. En mai 1987, ils sont six détenus islamistes à s'évader de la prison de Tsahal à Gaza. Cinq d'entre eux sont finalement retrouvés après quatre mois de traque et tués dans un combat avec les soldats israéliens. L'événement impressionne la jeunesse palestinienne. On est en octobre 1987. Moins de deux mois plus tard, c'est à Gaza qu'éclate la première intifada.

Alors bien sûr, comparaison n'est pas raison. Mais pour Israël, la lutte antiterroriste ne peut pas s'arrêter à la porte de la prison. Et il y a des décennies de laisser-aller à rattraper, comme l'a reconnu le Premier ministre Naftali Bennett.

Pascale Zonszain

pzoom130921

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