Le chef d'état-major de Tsahal et le Premier ministre israélien ont été catégoriques : l'opération menée dans la nuit de samedi à dimanche par les forces de sécurité israéliennes a permis d'enrayer un risque d'attentat immédiat. Et probablement plusieurs attaques contre des objectifs militaires mais aussi contre des civils en Judée Samarie et à l'intérieur d'Israël. On le sait, presque toutes les nuits, Tsahal, la police et le Shin Beth effectuent des arrestations en Cisjordanie. Mais cette fois, il ne s'agissait pas d'individus isolés, mais d'une véritable cellule terroriste, aux ordres de la direction du Hamas dans la Bande de Gaza. Quatre opérations ont été menées simultanément dans le nord de la Samarie et près de Jérusalem. Celle qui a donné lieu à un combat face aux terroristes, et où un officier et un soldat de Tsahal ont été blessés, s'est déroulée dans le village de Burkin, près de Djénine. Et les terroristes n'ont pas été débusqués chez eux, comme c'est le cas dans les arrestations habituelles, mais dans une maison qui leur servait de base. Ce qui confirme que leur projet d'attaque était déjà entré sans sa phase active.
Djénine, et en particulier son camp de réfugiés, qui avait été un des bastions du Hamas et des autres organisations palestiniennes durant la seconde intifada, est redevenue un pôle terroriste. L'accalmie de ces dernières années avait pourtant laissé croire que la page était tournée. La ville du nord de la Samarie avait retrouvé une certaine prospérité économique, les Arabes israéliens y venaient régulièrement faire leurs courses. Mais le Hamas et le Jihad islamique s'y sont progressivement réimplantés, les armes y circulent librement et il y a certains points, où les forces de sécurité de l'Autorité Palestinienne n'osent plus entrer. Le Hamas a également repris son activité d'incitation et de propagande contre le gouvernement de Ramallah et contre Israël, sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les mosquées ou les écoles, dans l'espoir de soulever la jeunesse palestinienne locale et de la mobiliser vers une troisième intifada.
Il y a une semaine, quand les forces de sécurité israéliennes étaient intervenues à Djénine pour capturer les deux derniers des six Palestiniens évadés de la prison de Gilboa, Tsahal avait préparé une opération de soutien qui prévoyait une entrée massive de troupes dans la ville, au cas où il aurait fallu exfiltrer le commando chargé de l'arrestation des terroristes. C'est que pour les responsables de la défense israélienne, Djénine a retrouvé son statut de principale base terroriste de Cisjordanie, et estiment qu'une opération de ce type n'est plus qu'une question de temps, surtout si les services de l'Autorité Palestinienne ne sont plus disposés à y faire respecter la loi. Le régime de Mahmoud Abbas est, comme à l'accoutumée, pris entre deux feux. D'un côté, il a besoin de poursuivre la coordination sécuritaire avec Israël pour contrer le Hamas qui le menace au moins autant qu'il menace Israël, et de l'autre cette même coordination lui vaut d'être délégitimé par le Hamas pour collusion avec l'ennemi. En tout cas, cette fois, plus de doute, l'organisation islamiste palestinienne a repris pied en Judée Samarie.
Pascale Zonszain
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