Bennett, l'Onu et le Covid

Israël.

Bennett, l'Onu et le Covid
(Crédit: Avi Ohayon/GPO)

Décidément, Naftali Bennett a du mal à trouver le bon timing pour ses prestations internationales. Le mois dernier, c'était la crise afghane qui avait perturbé son premier entretien avec le président Joe Biden. Et ce mois-ci, c'est le télescopage du calendrier onusien avec le calendrier hébraïque, qui l'a contraint à attendre la fin de l'Assemblée Générale pour prononcer son premier discours, après Kippour et Souccot et alors que les principaux chefs d'Etat qui avaient fait le déplacement à New York étaient déjà rentrés chez eux. Sans oublier que son allocution, en plein après-midi et deux heures avant le début de la fête de Simh'at Torah l'aura aussi privé d'une bonne partie du public israélien, occupé ailleurs.

Cela dit, pour le chef du gouvernement israélien investi à la mi-juin, c'était la première occasion de s'adresser au monde depuis la tribune des Nations Unies. Pour sa stature de Premier ministre l'exercice était indispensable, au moins dans l'écosystème politique israélien et depuis que Benyamin Netanyahou en a fait une scène incontournable où il savait utiliser ses talents de tribun et de communicant. Naftali Bennett se devait donc d'apposer sa marque personnelle. Et son style a effectivement contrasté avec celui de son prédécesseur. S'il s'est lui aussi exprimé dans un anglais américain courant, il a préféré un ton plus sobre et sans gadget graphique.

Sur le fond, Naftali Bennett n'a pas créé de surprise. Sur l'Iran, ses propos sont restés dans la ligne qu'il suit depuis son entrée en fonctions : opposition à une reprise de l'accord international sur le nucléaire iranien et appel à l'action des  grandes puissances pour stopper le projet d'armement de Téhéran. Mais rien qui ait pu mettre dans l'embarras l'allié américain. Comme il l'avait d'ailleurs promis, les divergences de vues avec Washington lui seront adressées directement et pas sur la scène publique.

Ce qui a pu surprendre en revanche, c'est le silence de Naftali Bennett sur le dossier palestinien. Là où Benyamin Netanyahou se pliait à l'exercice d'une déclaration symbolique sur le règlement du conflit, tout en dénonçant le refus palestinien de négocier et de renoncer à la violence, le nouveau Premier ministre israélien n'a rien dit. Un silence qui s'explique par la composition de sa coalition. S'il avait répété depuis la tribune de l'Assemblée Générale son opposition à la création d'un Etat palestinien, il risquait des représailles de son aile gauche ou du parti islamiste Ra'am. S'il avait évoqué la nécessité de négocier, il se serait mis à dos les élus de son parti. Et la coalition est encore trop fragile pour la déstabiliser à quelques jours de la rentrée parlementaire et alors qu'il faut encore faire passer le budget de l'Etat à la Knesset.

Le discours de Naftali Bennett lundi à l'Onu aurait donc pu se limiter à une photo souvenir à la tribune de l'Assemblée Générale, s'il n'avait pas évoqué la politique sanitaire d'Israël. Il a voulu promouvoir la stratégie israélienne contre le Covid, mais en expliquant que la décision appartenait au gouvernement et non aux experts, le Premier ministre israélien s'est mis à dos les fonctionnaires du ministère de la Santé. Dans les médias israéliens, c'est cette polémique qui a pratiquement occulté tout le reste de son discours. Peut-être parce que pour une fois, oublier un peu la menace iranienne permettait de se sentir comme un pays normal. Même avec le Covid.  

Pascale Zonszain

pzoom300921-1

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