Les allergies alimentaires, tout comme l’allergie en général, ont fortement augmenté ces 30 dernières années au point de devenir un problème de santé public des régions industrialisées des pays occidentaux. On estime qu’elles touchent environ 6% des enfants français et 3% des adultes et qu’elles sont responsables d’un peu plus d’une trentaine de décès par an, de chocs anaphylactiques, leur complication la plus grave. Mais nous avons enfin compris que nous commettions beaucoup d’erreurs, en particulier en matière d’alimentation des tout-petits et qu’elles pouvaient intervenir sur ce phénomène de l’allergie. De nouvelles préconisations, élaborées à partir de travaux réalisés conjointement par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire alimentaire) et le Haut Conseil de la Santé Publique viennent d’être édictées. Elles sont les bienvenues.
Fini le temps où l’on conseillait de nourrir les bébés au lait jusqu’à 5 mois, on pousse désormais à la diversification alimentaire avec une introduction précoce (dès le 4ème mois) des aliments allergisants, ce qui leur ôterait une partie de leur réactivité et aurait en réalité un effet protecteur. Mais il faut bien sûr procéder prudemment en administrant doucement et progressivement ces aliments l’un après l’autre.
Ce sont par ordre alphabétique : le blé, la cacahuète, le céleri, les crevettes, les fruits à coque (amande, noisette, noix), le lait de vache, les légumineuses (fève, haricot, pois, soja), l'œuf, le poisson de mer.
Il est recommandé d’ajouter systématiquement des matières grasses dans les préparations maison ou celles du commerce qui n’en contiennent pas assez ! Par contre, l’introduction de produits sucrés doit être limitée et avoir lieu le plus tard possible. Insistons sur le fait qu’il ne faut pas proposer de régimes restrictifs aux tout-petits, qui sont en phase de croissance. Certains pédiatres parlent même dans ces cas-là de maltraitance nutritionnelle.
Les experts conseillent de le présenter et le représenter jusqu’à 10 fois, car l’enfant a besoin de temps pour s’habituer à un goût différent et l’apprécier, surtout s’il n’est pas sucré. Rares sont les enfants qui aiment d’emblée les épinards ou les navets !
Faire confiance à l’appétit de l’enfant et être attentif à son rassasiement : ne pas le forcer à tout prix à terminer s’il n’a plus faim. Conseil pas toujours facile à appliquer !
L'environnement du repas est important chez l’enfant comme chez l’adulte d’ailleurs. Manger dans le calme en étant concentré sur le repas et pas sur un écran de téléphone ou de jeu vidéo est essentiel. Une étude récente de l’Inserm évoque d’ailleurs un développement plus lent du langage chez les enfants de 2 ans qui prennent tous leurs repas devant un écran. Et les TV-spectateurs d’un match du PSG ou de l’OM consomment 25% de calories en plus… et pas toujours de la meilleure qualité.
Vous constatez un changement complet de paradigme où il vaut mieux mettre en contact très tôt plutôt qu’éviter et subir plus tard. Nous savions qu’il ne servait à rien de reculer pour mieux sauter… et nous nous rendons compte que ça vaut également pour les allergies alimentaires. Alors vive la diversification alimentaire précoce.
Docteur Serge Rafal
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.