Dans sa dernière chronique ce jeudi matin à 7h06 sur Radio J, le sociologue et philosophe Shmuel Trigano est revenu sur les tensions importantes existant en Israël entre la communauté arabe et les Israéliens dans les villes mixtes du pays ainsi que les tensions avec le Hamas à la frontière.
Avec la dernière opération militaire à Gaza est apparue en Israël une configuration inédite sur le plan de la sécurité intérieure. On a du mal à s'imaginer qu'elle soit possible tant elle ne cadre pas avec la représentation que l'on a d'Israël et de ses prouesses militaires.
Cette évolution s'explique par la conjonction de deux situations. Le fait nouveau, le plus inquiétant, a vu dans les villes mixtes une partie de la population arabe - des citoyens israéliens - se soulever contre la population juive en coordination avec le Hamas qui affrontait Israël à Gaza. Des scènes pogromiques, de lynch se produisirent dans l'absence remarquée de la police comme de l'armée.
Cette nouvelle donne se surajoute au fait qu'énormément d'armes illégales circulent dans le secteur arabe en Galilée et bédouin dans le Naguev. A la base, ces armes sont dirigées contre le secteur arabe lui même, déchiré par les vendettas familiales, tribales, génératrices de crimes sanglants, 3 à 4 victimes par jour, plus d'une centaine depuis le début de l'année. Mais elles servent aussi dans le réseau mafieux qui s'est constitué dans le domaines des commerces et des boutiques qui doivent leur payer la "protection" qu'ils reçoivent par l'intermédiaire de sociétés de sécurité factice qui cachent le pouvoir mafieux.
Les arabes israéliens manifestent sans cesse contre cet état de faits que la police laisse courrir, en appellent à la police tout en la rendant responsable et discriminatrice.
L'impéritie de la police, sans doute trop faible en effectifs, est un fait au point que dans les villes mixtes se sont formés des groupes d'auto défense juifs. On parle aussi de milices municipales dans les villes arabes dont on a vu récemment l'entrechoc avec la police nationale. Ce sont jusqu'aux agriculteurs dans le Neguev ou en Galilée qui se sont organisés contre le vol agricole nocturne qui finit par atteindre des proportions inquiétantes.
Cette situation, si elle n'est pas corrigée, change complètement la donne stratégique en cas de guerre. Les armes qui circulent en masse pourraient ouvrir un front intérieur pour lequel Israël n'est pas préparé.
Shmuel Trigano
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